Une femme sur deux harcelée dans les bus!
Plus de 50 % des personnes interrogées se disent avoir déjà été victimes ou témoins de faits de harcèlement dans les bus!
Nombreuses sont les femmes qui avouent avoir déjà été sifflées en rue, avoir fait l’objet de railleries ou d’injures et même avoir subi des gestes déplacés de la part d’individus du sexe opposé. L’actualité de ces derniers jours l’a d’ailleurs encore démontré… Le harcèlement sexuel existe bel et bien, que ce soit dans l’espace public ou dans les transports en commun ! Le problème, c’est qu’il est difficilement identifiable en raison du peu de plaintes déposées, comme l’a confirmé le Ministre Carlo Di Antonio, en charge de la mobilité et des transports, lorsqu’il a été interrogé sur la situation au sein des bus des TEC.
Pour en avoir le cœur net, sachant que cette problématique les anime depuis un certain temps déjà, les députées wallonnes PS Christie Morreale et Véronique Bonni sont allées à la rencontre d’usagers à Verviers et Liège, à des endroits de forte concentration de lignes de bus. Sur base d’un questionnaire anonyme, elles leur ont demandé s’ils avaient déjà été victimes ou témoins de faits de harcèlement sexuel, quels qu’ils soient, dans les transports en commun. Le résultat n’a fait que confirmer leur sentiment puisque sur les 321 personnes interrogées (âgées de 12 à 40 ans et plus), un peu plus de la moitié ont précisé y avoir déjà été confrontées au moins une fois ! Soit 56,4 % des personnes interpellées ! Dans 82,9 % des cas, il s’agissait de personnes de sexe féminin.
Si on regarde les résultats dans le détail, on relève que 45,9 % de ces personnes ont précisé avoir déjà été sifflées, interpellées, abordées sous un prétexte de drague ou d’en avoir été témoins. 30 % ont confié avoir déjà été confrontées à un individu qui se collait, se frottait à elles contre leur gré. Et enfin, 24,1 % ont signalé avoir déjà été témoins ou victimes de propos ou d’insultes sexistes.
Autre chiffre qui mérite d’être souligné : seulement 8,8 % des personnes qui se sont déclarées témoins ou victimes de harcèlement sexuel en ont référé au conducteur du bus ou déposé plainte.
« Dans ce type de problématique, les plaintes ne représentent qu’une petite partie émergée de l’iceberg, comme l’a démontré notre enquête. Nombreuses sont les victimes qui ne portent pas plainte parce qu’elles ont honte, parce qu’elles ne savent pas exactement où commence l’illégalité ou parce qu’elles pensent que cela ne servira à rien… », souligne Véronique Bonni.
En effet, ajoute Christie Morreale, « les victimes n’osent pas s’en plaindre, ont tendance à prendre l’habitude de vivre avec et finissent par adapter leurs comportements en évitant certains lieux ou lignes de bus, en s’abstenant de sortir seules le soir… L’espace public appartient à toutes et tous et chacun/chacune doit pouvoir y circuler librement. Nous, politiques, devons mettre en œuvre les conditions pour faire en sorte qu’il en soit ainsi. Pour cela, privilégions les messages et actions de sensibilisation, dès le plus jeune âge, afin de vivre dans une société où le genre n’est plus un prétexte de violences, quelles qu’elles soient ».
Les deux députées interpelleront à nouveau le Ministre au Parlement de Wallonie. Elles proposeront au gouvernement de mettre en place une campagne de sensibilisation ayant pour cibles différents publics, à savoir au sein des transports en commun, des écoles ; par exemple par le biais d’activités de théâtre-action ; ou encore dans les Maisons de jeunes.
Dans un deuxième temps, une formation pourrait être mise en place au sein des compagnies de transport en commun afin que les chauffeurs et contrôleurs soient à même de réagir s’ils venaient à être confrontés à des auteurs/victimes de harcèlement sexuel.