« Pas la peine de siffler, je n’aboie pas ! » STOP au harcèlement de rue !
A l’initiative de la députée PS Christie Morreale, la commission des Droits des femmes et de l’Egalité des chances, qu’elle préside, et le Comité d’avis chargé d’examiner les questions relatives à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (présidé par le député PS Patrick Prévot) se sont associés pour organiser un événement, le 3 mars dernier, dans le cadre de la journée internationale pour les droits de la femme, le 8 mars. La thématique choisie était le harcèlement de rue. Sans cesse, des femmes et jeunes femmes sont victimes de propos déplacés en rue, d’insultes, voire de menaces ! C’est intolérable ! Ce type de comportement ne peut être banalisé.
« L’objectif est d’être à l’écoute des personnes ayant initié des actions contre le harcèlement de rue afin que nous, parlementaires, puissions réfléchir à l’instauration dans les écoles de programmes ciblés sur cette problématique, de mécanismes qui pourraient être efficaces », a souligné Christie Morreale.
Les députés membres des deux organes ont arboré un badge sur lequel était inscrit un message on ne peut plus explicite… Les uns ont ainsi opté pour « Pas la peine de siffler, je n’aboie pas ! » ou « Siffler n’est pas draguer ! » alors que d’autres ont osé afficher « Si moi je suis bonne, toi t’es relou ! »
Pour témoigner de cette déplorable réalité, les députés ont écouté trois orateurs qui ont fait part de leur expérience et des initiatives qu’ils ont prises. Béa Ercolini, rédactrice en chef du magazine Elle Belgique et présidente de l’ASBL Touche pas à ma pote, estime que le harcèlement de rue devrait être classé parmi les violences faites aux femmes. « Cela ne tue pas mais ce sont des violences répétées qui blessent au plus profond, vous empêchent de grandir et d’être vous », a-t-elle précisé.
Son ASBL porte un projet d’éducation en classe contre les stéréotypes genrés. Des équipes de comédiens de la Ligue d’impro sont envoyées dans les écoles primaires, à la rencontre d’élèves de 5e et 6e années, pour aborder le harcèlement de rue à travers une séance d’improvisation. « On a dénombré trente séances en 2014. Ce qui représente 2.400 à 2.500 enfants », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’elle et son équipe espèrent initier une nouvelle salve, d’autant que des demandes leur parviennent. Par ailleurs, l’ASBL lancera une nouvelle opération de sensibilisation le 21 mars prochain. Une opération qui sera axée sur la distribution de petites cartes de visite.
Quentin Daspremont, représentant de l’antenne bruxelloise Hollaback !, une organisation présente dans 25 pays à travers le monde, a notamment fait état de témoignages qui ont été recueillis sur leur site Internet. Selon lui, il est essentiel non seulement de maintenir le débat mais aussi de fournir davantage de moyens à la recherche en vue d’analyser les causes et origines du harcèlement de rue. « Afin de démontrer à quel point les effets du harcèlement de rue peuvent être dévastateurs pour les femmes », a-t-il insisté.
Quant à Chris Paulis, anthropologue à l’ULg, elle a épinglé le fait que l’espace public a, historiquement, toujours été masculin et qu’il continue de l’être. « On continue de parler de professions féminines occupées par des hommes et de considérer que les femmes exerçant certaines professions ne sont pas à leur place », constate-t-elle. Aussi, elle estime qu’il convient d’intégrer la problématique du harcèlement de rue dans le cursus scolaire et ce, dès la maternelle ! « Car on remarque des comportements différenciants dans le chef des instituteurs ».
A l’issue des questions-réponses, la ministre des Droits des femmes et de l’Egalité des chances, Isabelle Simonis, a remercié les orateurs pour leurs interventions éclairantes. Elle a clôturé cette commission conjointe consacrée au harcèlement de rue en insistant sur le fait que les femmes ont bien évidemment le droit d’occuper l’espace public, « dans toutes ses dimensions et en toute quiétude ».
« Il est temps que la mixité redevienne une réalité dans les gestes au quotidien. Aussi, je vais plaider pour que le harcèlement de rue figure au rang des priorités des différents niveaux de pouvoir », a précisé la ministre.
Et pour cause, les chiffres en la matière sont édifiants ! Ainsi, on estime qu’une femme sur trois subit au moins des violences physiques ou sexuelles, qu’une sur cinq est victime de traque furtive et qu’une femme sur dix subit une ou plusieurs formes de harcèlement sexuel !