Lutter contre la banalité de l’homophobie
Fédération Wallonie-Bruxelles
Question d’actualité posée par la Députée Christie Morreale à Mme Isabelle Simonis, Ministre en charge de l’Enseignement de promotion sociale, de la Jeunesse, des Droits des femmes et de l’Egalité des chances, concernant les violences homophobes et transphobes :
Monsieur le Président,
Madame la Ministre,
Chers Collègues,
Le 8 mai dernier, dans le cadre du Pride Festival, plus d’une centaine de personnes ont marché contre les violences homophobes à Bruxelles, à l’initiative de la Fondation Ihsane Jarfi, du nom du trentenaire enlevé le 22 avril 2012 par 4 jeunes hommes à Liège et dont le corps a été retrouvé le 1er mai de cette même année. Si l’on doit saluer cette initiative, il nous faut déplorer les insultes homophobes proférées envers les participants de cette marche. Il est désolant de constater que, encore aujourd’hui, oser afficher une orientation sexuelle différente de la norme dans l’espace public, c’est s’exposer à des insultes et des violences.
Loin d’être anecdotique, loin d’être un fait divers négligeable, cette situation est préoccupante.. En effet, malgré l’une des législations les plus progressistes d’Europe, un travail important doit être mené afin de mettre fin à la banalité de l’injure.
Le 17 mai prochain aura lieu la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, commémorant le 17 mai 1990, jour où l’Organisation mondiale de la santé a rayé l’homosexualité de la liste des maladies mentales. Dans le cadre de cette journée, les différentes associations LGBT du pays ont justement décidé de mettre l’accent sur la lutte contre les violences verbales et physiques dont sont victimes les homosexuels, les lesbiennes et les transsexuels en Belgique.
Si au niveau fédéral, nous pouvons déplorer l’absence d’un nouveau plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie, nous devons également interroger l’efficacité de nos propres politiques en Fédération Wallonie-Bruxelles. Thierry Delaval, président de la Fédération Arc-en-ciel Wallonie, a regretté récemment l’absence partielle de données chiffrées concernant la lutte contre l’homophobie – je cite : « Nous sommes confrontés à une absence quasi-totale de données, de statistiques et de connaissances sur les représentations encore à l’œuvre et sur les diverses manifestations de l’homophobie, de la lesbophobie et de la transphobie. Un ambitieux programme d’études doit être promu dans différents secteurs politiques à tous les niveaux de pouvoir ».
Dimanche dernier, une étude portant sur plusieurs pays anglo-saxons rapporte qu’environ 19% des homosexuels et 9% des lesbiennes interrogés ont déclaré avoir subi « des violences physique » tandis que 27% des homosexuels et 16% des lesbiennes ont évoqué des menaces verbales.
Cette étude rapporte également que les personnes LGBT sont toujours très peu acceptées dans les milieux sportifs : seuls 1% des sondés estiment que les homosexuels sont
« complètement acceptés » sur les terrains de sport. Les sondés pensent aussi que l’homophobie est largement présente dans les tribunes.
Qu’en est-il en Wallonie et à Bruxelles ? Avons-nous des statistiques concernant les cas de violences homophobes et transphobes ? Madame la Ministre, pouvez-nous nous fournir des précisions concernant l’élaboration d’un programme d’études consacré aux violences commises envers les homosexuels ? Quelle méthodologie comptez-vous employer afin de rendre compte de ces violences ? Je vous remercie d’avance pour vos réponses.
Réponse de la Ministre :
- Nous ne sommes pas totalement dans l’ignorance du phénomène. 3 sources fondamentales d’informations :
1) Evaluation annuelle des législations par la fédération européenne des associations LGBT – ILGA-Europe :
La Belgique est 2ème au classement pour ses politiques volontaristes vers plus d’égalité en matière de mariage, d’adoption, de filiation, de protection contre les discriminations
2) Etude réalisée en 2013 par l’Europe révèle des chiffres sur les discriminations et difficultés rencontrées par les personnes LGBT. Les résultats sont interpellant surtout auprès des Jeunes :
A l’école, 63 % d’adolescents ont répondu qu’ils cachaient leur homosexualité
A l’école, 90 % des répondants ont été témoins de comportements négatifs à l’égard d’élèves perçus comme LGBT
3) Le Centre pour l’égalité des chances a ouvert 80 dossiers en 2014. Sachant que moins d’1 fait sur 10 sont dénoncés, on peut raisonnablement multiplier ce chiffre par 10, voire davantage encore.
- Ces quelques chiffres le démontrent, les conservatismes continuent de peser : travailler les mentalités, avec un accent particulier sur la jeunesse, ne tolérer aucune discrimination et condamner tout acte homophobe ou transphobe.
- Comment ?
1) Au niveau législatif : Homophobie et transphobie : décret de la fédération est en cours de révision afin de renforcer et compléter le dispositif de lutte contre les discriminations
2) Sensibilisation – information, en particulier chez les jeunes :
- 20 mai (sensibilisation LGBT auprès du secteur jeunesse)
- Campagne fin 2015 « Jeunes, enseignement et sport »
3) Plan anti-discrimination adopté en décembre dernier par le Gvt : 10 mesures concrètes