Les abeilles en danger : modifier un décret pour interdire l’usage des pesticides néonicotinoïdes
Depuis plusieurs années, on déplore la raréfaction progressive, problématique, voire alarmante des abeilles. En cause ? L’utilisation de pesticides/insecticides, la raréfaction des fleurs et le réchauffement climatique. Même les bourdons, qui sont également de bons pollinisateurs, sont menacés. Or, il est essentiel de faire en sorte de protéger ces insectes sachant qu’ils contribuent à la pollinisation de 80 % des espèces de plantes à fleurs à travers le monde ! Sans pollinisation, il n’y aurait ni graines, ni fruits ! L’alimentation de l’homme, à l’échelle mondiale, en serait dès lors profondément chamboulée…
De plus, une enquête de la commission européenne ayant dernièrement livré ses résultats montre que près de 10 % des 2 000 espèces sauvages d’abeilles européennes sont menacés d’extinction. Si bien que si aucune mesure n’est prise, 5 % supplémentaires seront également menacés dans un futur proche.
Le 19 mars dernier, l’Assemblée nationale française a voté l’interdiction des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes, identifiés par les spécialistes comme étant très nocifs pour les abeilles. Consciente de ce danger sanitaire, la Commission Européenne a voulu légiférer, bien que trop timidement, interdisant, le 1 er décembre 2013, l’utilisation de trois molécules de la famille concernée dans des conditions limitées et pour certaines cultures seulement et ce, pour une durée de deux ans.
Cette année encore, et malgré cette interdiction partielle, l’état sanitaire de nos ruchers semble déjà plus que préoccupant. En effet, depuis le début de ce mois de mars, relativement doux, les apiculteurs ont constaté que les abeilles sortaient tout doucement de leur ruche… A certains endroits, on a enregistré de sérieuses pertes. Comme nos voisins français lors de l’hiver 2013, nos ruches semblent avoir énormément souffert des conditions climatiques, trop douces. Les pertes continuent d’être élevées. A titre d’exemple, la présidente de la Fédération des apiculteurs de Belgique doit déplorer la perte de 25 ruches sur 29 !
Interpellée par tous ces éléments alarmants, la députée PS Christie Morreale a interrogé, ce mercredi 25 mars, le ministre Carlo Di Antonio, en charge de l’Environnement, en séance plénière du Parlement wallon. Convaincue qu’il convient de renforcer de manière drastique les réglementations en la matière, la députée a plaidé pour que la Wallonie suive l’exemple français en interdisant lesdits pesticides.
En réponse à la question de Christie Morreale, le ministre Di Antonio s’est dit favorable à l’interdiction de ces pesticides tueurs d’abeilles. Il a ainsi plaidé pour que l’on en arrive à ce que ces produits ne soient plus agréés non seulement au niveau européen mais aussi en Belgique.
Le ministre a ensuite fait référence à la législation wallonne, plus particulièrement à un décret de juillet 2013 visant à encadrer l’usage des pesticides. Il a ainsi souligné qu’un article de ce décret limite l’utilisation de tels produits par les pouvoirs publics sans prendre en considération leur usage dans l’agriculture. Il a ajouté qu’il convient d’élargir cette disposition en procédant à la modification du décret. Le ministre a assuré que ces pesticides néonicotinoïdes seront ciblés en priorité par cette modification de décret.
« Je plaide avec force et conviction pour que la Wallonie interdise les produits néonicotinoïdes », a déclaré la députée Christie Morreale, se réjouissant de la réponse du ministre. « Il ne faut pas opposer le secteur agricole au secteur apicole car leurs sorts sont intrinsèquement liés ».
Il faut faire vite car le temps joue contre nous…