Le sport-école en question
Fédération Wallonie-Bruxelles
Le sport-école en question : Intervention de la Députée Christie Morreale à la Ministre de l’Education du 28/04/2015
Conformément au décret du 8 décembre 2006 visant l’organisation et le subventionnement du sport en Communauté française, les partenaires d’entraînement, les espoirs sportifs et les sportifs de haut niveau peuvent être dispensés de certains cours. Sont aujourd’hui concernés plus de 900 élèves répartis dans les centres sportifs de Mons, de Jambes et de Liège.
Si la situation est relativement claire dans l’enseignement général puisque les élèves peuvent être dispensés d’une partie des heures de cours pour pratiquer leur sport, un problème se pose toutefois dans l’enseignement technique et professionnel. Comme le prévoit la circulaire 4951 du 18 août 2014 intitulée Sport et études dans l’enseignement secondaire ordinaire, les élèves des deuxième et troisième degrés de l’enseignement général et technique de transition qui ont le titre peuvent, à la demande du chef de l’établissement, être autorisés à remplacer une ou plusieurs options de base simples ou leur option de base groupée par un nombre équivalent de périodes d’entrainement sportif. Ils peuvent également remplacer les périodes de cours d’éducation physique de la formation commune par un nombre équivalent de périodes sportives.
Par contre, les élèves de l’enseignement technique ou professionnel des deuxième et troisième degrés n’ont pas la possibilité de remplacer une ou plusieurs options de base simples. Cela peut sembler logique puisque, dans l’enseignement qualifiant, la base des études se concentre sur des examens pratiques et techniques liés au travail manuel. Il est dès lors difficile de les en dispenser. Néanmoins, certains chefs d’établissement et professeurs ont réfléchi à des modèles qui permettraient à ces élèves de suivre des études sportives et d’obtenir un diplôme. Il me semble possible de combiner les deux. Il existe par exemple une option «animateur sportif» ou «techniques sociales d’animation». On pourrait imaginer que ces élèves puissent, dans le cadre de leurs exercices pratiques, suivre des cours d’animateur sportif prodigués par l’ADEPS qui, dans le même temps, leur permettrait de pratiquer le sport dans lequel ils se distinguent particulièrement.
Les adaptations ne sont pas possibles pour toutes les options, mais elles le sont en tout cas pour l’option précitée. Cela permettrait de ne pas donner de faux espoirs. Certains jeunes pourraient se lancer dans des études sportives en imaginant qu’ils deviendront des stars – surtout quand on connaît le salaire que peuvent gagner des sportifs de haut niveau dans certaines disciplines en particulier – mais il ne faudrait pas qu’ils arrivent à la fin de leurs études sans aucun bagage. Grâce à cette solution, ils suivraient une formation d’animateur sportif qui pourrait leur permettre de continuer à vivre leur passion dans l’exercice d’un sport de haut niveau ou tout au moins comme en- traîneur ou animateur.
Je souhaiterais connaître les raisons qui justifient cette différence de traitement entre l’enseignement général et l’enseignement technique ou professionnel. Au vu des propositions que je vous soumets, les entraînements des élèves de l’enseignement qualifiant pourraient-ils être considérés comme faisant pleinement partie de leur cursus? Cette adaptation devrait permettre à certains jeunes d’obtenir un diplôme tout en poursuivant leur formation sportive. Madame la Ministre, pourriez-vous envisager de généraliser les dispositions à l’ensemble des élèves reconnus comme sportifs?
Réponse de la Ministre :
En ce qui concerne les sports-études et, de manière générale, le sport et l’école, nous examinons avec René Colin la manière dont nous pouvons et devons renforcer la pratique et l’accès du sport à l’école grâce à un partenariat renforcé avec la politique sportive et les institutions sportives, lors des jours blancs, mais aussi dans le cadre des horaires scolaires et du parascolaire.
Nous avons déjà réalisé certaines choses dans un nombre limité d’écoles pour permettre d’organiser ce sport-études. Cette matière est soumise au socle de compétences au premier degré où il y a, selon les réseaux, deux à trois périodes d’éducation physique en secondaire, et aux compétences terminales aux deuxième et troisième degrés où le nombre de périodes varie selon les formes et les sections d’enseignement. À partir du deuxième degré en technique de transition, puisque c’est à ce moment que les choses sérieuses commencent, il y a deux types d’options de base groupées: d’une part des options de base groupées en éducation physique et multisports et, d’autre part, des options qui ne prennent en compte qu’un seul sport. Dans l’enseignement général, les options de base simples peuvent prévoir quatre périodes en éducation physique qui peuvent s’additionner aux deux périodes d’éducation au sport de la formation commune. Toutes ces options visent à former les élèves à l’activité physique par le sport et peuvent préparer aux études supérieures de professeur d’éducation physique ou de kinésithérapeute. L’objectif a toujours été plutôt professionnel à long terme.
L’organisation de ces études n’a dès lors jusqu’à présent aucun lien avec la notion de sport de haut niveau, d’espoir sportif ou de partenaire d’entraînement, tel que décrit dans le décret qui vise l’organisation du subventionnement du sport en Communauté française.
Je vous remets une explication relative à l’organisation du sport-études ainsi que la liste des établissements avec leur adresse, le nombre des élèves concernés – on en dénombre 888 – et les sports pratiqués. Il s’agit surtout du football et du basket. Il y a un peu d’équitation et de cyclisme. L’avenir de la balle pelote semble quant à lui menacé…
Le sport-études ne peut être organisé que dans l’enseignement technique de transition et doit répondre aux critères de création et de maintien décrits dans l’arrêté du gouvernement de la Communauté française du 14 juin 1993 qui définit le répertoire des options et précise que la demande doit recevoir l’aval du conseil de zone et des comités de concertation selon le caractère. L’encadrement des élèves est identique pour toutes les options de base groupées. Il n’y a donc pas de test. Tout jeune sans distinction peut intégrer un sport-études au sortir du premier degré de l’enseignement secondaire. L’aide de la Fédération est la même pour cette option de base groupée que pour les autres, si ce n’est la nécessité de disposer d’installations sportives permettant la pratique dudit sport.
Jusqu’à présent, il n’y a pas de disparité géographique. Le sport-étude est toutefois moins présent en Région de Bruxelles-Capitale. Cela peut s’expliquer par le manque d’infrastructures à l’intérieur des écoles qui, en milieu urbain, utilisent en général les infrastructures situées à l’extérieur.
Cette option de base groupée fonctionne relativement bien et répond à l’attente des familles, même si nous pouvons faire plus et mieux. Il est exact que certaines écoles exigent des certificats médicaux lors de l’inscription, mais elles n’y sont pas contraintes. On pourrait rendre cette pratique obligatoire au-delà du suivi médical. Aucun budget spécifique n’est prévu pour l’organisation des options sport-études. On a le sentiment que le projet a été mené dans une optique plus profes- sionnelle, sans envisager la pratique sportive de haut niveau et l’encadrement nécessaire pour cette option.
En collaboration avec M. Collin, nous envisageons d’organiser à la rentrée un grand colloque afin d’entendre les professionnels des secteurs du sport et de l’enseignement et pour dégager des pistes, faire état des réussites et identifier les besoins et les demandes complémentaires. L’objectif est de lancer une dynamique de réformes. Nous entendons développer le sport dans l’ensemble des établissements scolaires en y renforçant la qualité de l’offre et en répondant aux objectifs professionnels des étudiants se destinant à l’éducation physique ou sportive, avec plus de flexibilité pour les jeunes qui pratiquent déjà un sport de compétition. Cet objectif requiert des liens avec des clubs sportifs, des synergies complémentaires, la mise sur pied d’équipes médicales et de suivis médicaux ainsi que des adaptations et une souplesse dans l’organisation des horaires de cours. Grâce à tous ces moyens, mais aussi à de meilleurs partenariats avec l’ADEPS et avec les clubs sportifs, dans un esprit win-win, nous entendons mener à bien ces mesures lors de la présente législature.
Madame Morreale, vous avez raison quand vous dites qu’il s’agit de jeunes qui, s’ils étaient autorisés à ne pas suivre des cours essentiels, pourraient être privés d’une qualification de base leur permettant d’obtenir leur diplôme et de s’insérer ainsi dans la vie socioprofessionnelle. Cependant, l’enseignement qualifiant fait parfois preuve d’une certaine rigidité et nous devrons trouver un juste milieu.
Ces réflexions font partie de nos discussions visant à déterminer les règles qui pourraient être assouplies ou les horaires qui pourraient être aménagés. Il s’agit de favoriser une réelle qualification de base et la création d’un système basé sur la souplesse pour la pratique du sport. Nous devons également prendre en compte la pratique d’un seul sport. Nous pouvons nous inspirer de la situation au Québec où la pratique du sport est plus développée, avec au minimum deux heures par semaine consacrées à un sport spécifique choisi par l’élève.