La sécurité des motards
Région wallonne
Question écrite de Mme Christie MORREALE à M. Maxime PREVOT, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine
En 2000, la Région wallonne lançait en collaboration avec l’ASBL « Fédémot », un vaste plan de mesures techniques et organisationnelles relatives à la sécurité des motards.
Des réflexions de fond étaient également menées, face au nombre croissant du nombre de motards tués. L’intégration de ces usagers sur les infrastructures routières était alors envisagée comme une politique transversale et globale d’aménagement des routes et autoroutes.
La première mesure organisationnelle annoncée était la désignation d’un monsieur et d’une madame moto qui avait pour but d’apporter des conseils techniques dans les différents projets d’aménagements des infrastructures à travers son regard de motard et d’ainsi sensibiliser les pouvoirs publics lors de l’élaboration de nouveaux ronds-points, des nouveaux passages pour piétons,… Sept personnes de référence étaient alors recensées et réparties dans les directions territoriales des routes wallonnes.
Aujourd’hui, qu’en est-il ? Des messieurs et mesdames motos sont-ils toujours d’actualité ? Comment se développe la collaboration, notamment avec Fédémot ?
Si en 2013, le prédécesseur de Monsieur le Ministre affirmait que cette fonction était maintenue, il me revient pourtant que des manquements sont à noter. De plus, comment s’organise la collaboration avec les fédérations de motards ?
L’adaptation des rails de sécurité à la retenue des motards puisque l’on connait le danger que représentent les rails de sécurité classique pour les deux roues. Par le rajout ou le placement d’une lisse inférieur, les dégâts corporels infligés aux motards pourraient être bien moindres. Si l’équipement de l’ensemble des rails de sécurité n’est évidemment pas budgétairement parlant, finançable, qu’en est-il des virages particulièrement accidentogènes ? S’il semble que 60 kilomètres de lisses sous les rails de sécurité ont été placés comme prévu sur les autoroutes suivant les emplacements identifiés par l’ASBL Fédemot, depuis lors, d’autres aménagements ont-ils été effectués ? L’installation automatique de lisse est-elle automatiquement prévue dans les nouveaux chantiers ? Pourquoi ne pas systématiser leur placement à l’occasion de chaque aménagement ?
Enfin, il était également question d’élaborer des aménagements cohérents, adaptés à l’ensemble des usagers et respectueux de tous les types de mobilité. 15 ans plus tard, où en sommes-nous ?
Alors que le nombre de motards tués sur nos routes est toujours très important, il est sans doute plus que temps de tirer un bilan de toutes ces années. Le prédécesseur de Monsieur le Ministre, à travers son plan sécurité pour les motards, envisageait plusieurs mesures que nous venons d’évoquer. Quelle est la position de Monsieur le Ministre sur la question ? Envisage-t-il la création
d’un nouveau plan de mobilité qui inclurait davantage l’entièreté des usagers ?
Réponse du Ministre :
Avant tout, il est bon de rappeler les enjeux de la sécurité des motards.
Le nombre de motards tués a diminué ces dernières années : -33 % en 4 ans, – 45 % en 10 ans. Les motocyclistes restent néanmoins des usagers courant un risque important d’accident. Ils représentent moins de 1 % du trafic, mais 14 % des tués.
Plusieurs études (dont l’étude MOTAC de l’IBSR) arrivent à la conclusion que l’infrastructure est très faiblement impliquée lors d’un accident mortel. D’autres paramètres entrent en considération. On peut citer les trois principales raisons en cause dans les accidents concernant des motards :
1. Les motards sont des usagers de la route moins facilement repérables ;
2. La vitesse excessive ou inadaptée ;
3. La vulnérabilité.
Pour améliorer la sécurité routière (quel que soit le type d’usager), il faut agir sur différents axes : éducation, formation, sensibilisation, répression, véhicule et infrastructure.
Suite à la sixième réforme de l’État, la répartition des compétences en matière de sécurité routière a évolué en Wallonie. Ainsi, sans entrer dans les détails, l’Agence wallonne pour la Sécurité routière (AWSR) est compétente en matière de sensibilisation. La DGO2 est compétente en matière de véhicules (contrôle technique et homologation), d’éducation (dans les écoles) et de formation (permis de conduire). La DGO1 est compétente en matière d’infrastructure. Il faut ajouter à cela, le rôle de la police en matière de prévention et de répression ainsi que le rôle des associations comme FEDEMOT ou encore la FBMC avec qui j’ai conclu récemment une convention de partenariat également.
Je confirme que la fonction de Monsieur ou Madame « Moto » existe toujours. Il y a un Monsieur moto régional et un monsieur ou une madame « Moto » dans chaque Direction territoriale des routes. Ces personnes, membres de la DGO1 assument au mieux leur rôle dans le respect des compétences qui leurs sont attribuées, à savoir l’infrastructure.
De nombreuses actions ont été réalisées par les messieurs ou mesdames « moto » et plus largement la DGO1 concernant les motocyclistes :
– Publication d’un guide sur les « recommandations pour la prise en compte des deux-roues motorisés dans les aménagements et la gestion des infrastructures » (disponible gratuitement sur le site des routes) ;
– Placement de panneaux de sensibilisation sur une quarantaine de tronçons de routes en concertation avec les zones de police qui elles, effectuent des actions de prévention et de contrôles sur ces mêmes axes ;
– Mise en place d’un guichet unique pour recueillir les plaintes des motards (moto@spw.wallonie. be) ;
– Prise en compte des motocyclistes au même titre que les autres usagers dans les audits de sécurité réalisés conformément au Décret sur la gestion de la sécurité des infrastructures routières ;
– Formations en matière de sécurité des infrastructures routières ;
– Mise en place systématique de glissières moto ; dans tous les nouveaux aménagements, tel que je l’ai décidé au début de mon mandat
– Et j’en passe …
Les actions sur tous les axes, à savoir, l’infrastructure, l’éducation, la formation, la sensibilisation, la répression et le véhicule, portent pleinement leur fruit et seront poursuivis, en partenariat avec tous les acteurs concernés.