Intégration et inclusion des enfants porteurs de handicap : des projets pilotes pour la rentrée !
Question écrite à Madame Schyns, Ministre en charge de l’enseignement obligatoire
Nous avons déjà eu l’occasion, dans le cadre de nos travaux dans cette commission, de discuter de la mise en place, à travers le plan autisme, de projets pilotes visant à « développer des classes spécialisées dans l’enseignement ordinaire : projet expérimental de classes qui bénéficieraient d’un encadrement plus important. Un comité de suivi pourrait mettre en évidence les bénéfices obtenus par ce type d’encadrement et servir de base à une révision des normes d’encadrement. Cela permettrait également de déterminer les critères d’organisation de la pédagogie adaptée pour élèves autistes. »
Ces projets pilotes sont destinés aux enfants relevant du type 2, à savoir, un retard mental léger à sévère. Vous m’annonciez vouloir les débuter à la rentrée de septembre. Pouvez-vous faire le point sur ce dossier ? Les écoles participantes sont-elles prêtes ? Beaucoup d’enfants sont-ils déjà inscrits ? Une formation spécifique est-elle envisagée pour l’ensemble des enseignants et l’équipe éducative en général ? Vous évoquiez la désignation de deux coordinateurs pour chapeauter l’ensemble des projets pilotes : est-ce chose faite ?
Il y a quelques semaines, je vous interrogeais sur l’inclusion des enfants relevant du type 2 et ce, suite à la plainte déposée par l’ASBL Inclusion contre l’état belge et qui découle du peu de d’inclusion de ces enfants. Il semblerait que sur le total des enfants en programme d’intégration en Fédération Wallonie-Bruxelles, seuls 47 relèvent du type 2. Confirmez-vous ces chiffres ? Selon vous, qu’est ce qui permet d’expliquer un si faible taux d’intégration de ces enfants ? Les parents et les spécialistes évoquent souvent un blocage de la part des enseignants, de l’ordinaire ou du spécialisé, ainsi que des freins au niveau des PMS. Confirmez-vous cette analyse ? Qu’est ce qui permet d’expliquer un si faible taux d’intégration ?
Enfin, si le projet que vous annoncez ici, que je salue encore une fois par ailleurs, vise à une meilleure intégration, il ne travaille pas à une meilleure inclusion de ces enfants. Les barrières à cette inclusion sont nombreuses : craintes des écoles, manque d’encadrement adéquat, … Concrètement, comment entendez-vous faciliter cette inclusion scolaire pour les enfants relevant du type 2 ? Pouvez-vous m’indiquer combien d’enfants avec un retard mental léger à sévère suivent pleinement l’enseignement ordinaire, sans s’inscrire dans un projet d’intégration ?
Réponse
Comme je vous le confirmais dans une réponse précédente, mon intention est bien de lancer ce projet-pilote pour le 1er septembre 2017. Cinq projets de demande de création d’implantation ont déjà été introduits à l’administration, un projet est déjà implanté en enseignement ordinaire, deux seront organisés en classes inclusives et d’autres projets sont en cours de réflexion ou de finalisation.
Ces élèves bénéficieront bien d’un accompagnement pédagogique et paramédical assuré par des membres du personnel de l’enseignement spécialisé déjà formés.
En ce qui concerne la désignation des coordinateurs, les appels à projets des réseaux sont terminés. Pour l’enseignement libre, ce poste sera attribué à une direction de l’enseignement fondamental ordinaire. Pour l’enseignement de caractère non confessionnel, ce poste sera attribué à une administratrice d’internat. Les deux coordinateurs ont manifesté un grand intérêt pour les processus d’intégration et d’inclusion des élèves présentant un trouble d’apprentissage et/ou un handicap au sein de l’enseignement ordinaire.
Vous m’interrogez également sur l’intégration et l’inclusion des élèves relevant de l’enseignement de type 2 présentant un handicap mental modéré à sévère.
S’ils étaient 47 en 2015-2016, pour cette année scolaire, ils sont 55 répartis comme suit : 33 en enseignement maternel, 21 en enseignement primaire et 1 en enseignement secondaire.
La récente recherche réalisée par l’UCL, sur l’intégration des élèves à besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire, auprès des élèves intégrés, de leur famille et des acteurs scolaires, apporte un éclairage sur la faiblesse de l’intégration des élèves de ce type d’enseignement.
Même si les enseignants de l’ordinaire possèdent une grande liberté dans le choix des outils et des méthodes pédagogiques, leur sentiment de compétence à enseigner aux élèves présentant un retard mental important est très faible. De plus, lorsqu’on leur demande de se positionner entre une scolarisation dans l’enseignement ordinaire ou dans l’enseignement spécialisé, ils sont à tout le moins mitigés pour l’intégration des élèves autistes et nettement contre l’intégration des élèves avec un handicap mental modéré à sévère. Pour les équipes éducatives, il s’agit davantage d’une intégration sociale que d’une intégration pédagogique.
La Fédération Wallonie-Bruxelles offre déjà la possibilité aux élèves atteints de déficience mentale de bénéficier soit de l’enseignement ordinaire, soit d’un enseignement en intégration, soit de l’enseignement spécialisé ; ces nouvelles classes inclusives élargiront encore la palette des choix en permettant aux parents de choisir une classe de l’enseignement spécialisé qui fonctionnera au sein d’une école ordinaire.
Cependant, même si certains parents considèrent que ce modèle d’organisation ne répond pas à l’idée qu’ils se font de l’inclusion, d’autres, comme ceux dont les enfants bénéficient du projet organisé à Mont-sur-Marchienne, estiment que cela rencontre bien leur souhait de voir leur enfant intégré dans un milieu ordinaire tout en bénéficiant de l’encadrement prévu pour les élèves de l’enseignement spécialisé.
Créer concrètement des passerelles entre l’enseignement ordinaire et l’enseignement spécialisé permettra d’avancer progressivement vers un enseignement qui deviendra plus inclusif encore.
En ce qui concerne le nombre d’élèves inscrits en enseignement ordinaire présentant un handicap mental, l’inscription de ces élèves relève de la volonté des parents, ils ne sont donc pas « connus » comme un élève avec un handicap, mais bien comme un élève « ordinaire ». Dès lors, il ne m’est pas possible de vous fournir de chiffres à ce sujet.