Continuons la lutte contre le sexisme dans l’espace public
Question écrite destinée à Monsieur le Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l’Action sociale et du Patrimoine
Il y quelques jours, Madame la Ministre de l’égalité des chances de la Région Bruxelloise, Madame Debaets, lançait une campagne « Signale la violence ».
Celle-ci a pour objectif d’inciter les témoins de violence verbale, de sexisme et ou d’intimidation dans l’espace public à agir en rassurant la victime et en l’encourageant à porter plainte auprès de la police.
Cette campagne vise donc à lutter contre le phénomène de banalisation des violences verbales dans l’espace public. Or, nous savons l’impact que celles-ci peuvent avoir, notamment en termes de développement du sentiment d’insécurité.
Selon une étude européenne récente, une femme Belge sur trois a déjà été victime de violence physique et/ou sexuelle dans l’espace public. Par ailleurs, neuf personnes transgenres et/ou homosexuelles sur dix ont déjà souffert de violences physiques ou psychologiques dans l’espace public.
Monsieur le Ministre, ne serait-il pas utile vous inspirer de cette campagne afin d’impulser la même dynamique au sein de la région wallonne ? Comme vous le savez, une loi condamne aujourd’hui fermement les propos sexistes tenus dans l’espace public. Cette disposition est malheureusement peu connue. Monsieur le Ministre entend-il donc saisir l’opportunité de cette campagne pour faire connaître plus largement l’existence de cette disposition ?
Réponse
Comme je l’indiquais à Mme Jenny BALTUS-MORES, Messieurs Serdar KILIC et Anthony DUFRANE qui m’ont interpellé récemment sur cette question, la Wallonie dispose du décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discriminations et comme l’a justement mentionné l’honorable membre.
Ilexisteaussiuneloifédéraleentréeenvigueurle3août2014visantàluttercontrelesexismedansl’espace public. Dans ce cadre et conformément aux engagements pris notamment par le Gouvernement wallon dans le cadre du plan d’action national 2015-2019 de lutte contre toutes les formes de violences basées sur le genre, la mesure 33 vise à sensibiliser à la lutte contre le sexisme et les stéréotypes comme une forme de prévention de la violence basée sur le genre (notamment à travers des études, des campagnes, des brochures, etc.).
Convaincu de la nécessité de lutter contre le sexisme, j’ai, dès 2015, accordé une subvention à « Touche pas à ma pote » pour réaliser des animations et des actions de lutte contre le harcèlement et le sexisme et une subvention à l’ASBL JUMP en 2015-2016 pour réaliser une enquête sur le sexisme – la première et la seule menée à ce jour sur le sujet – dont les résultats particulièrement interpelant sont disponibles depuis le mois de novembre dernier.
En effet, il ressort de cette enquête que plus de 9 Wallonnes sur 10 disent avoir été confrontées à des comportements sexistes en rue ou dans les transports en commun (96 %), dans l’espace public de façon plus générale (95 %), mais aussi au travail (92 %). Ce sexisme a un impact important sur les victimes puisque 93 % des Wallonnes interrogées ont éprouvé de la colère, 71 % se sont senties blessées et près d’un tiers déprimées.
Les recommandations de JUMP portent surtout sur la mise en place d’outils de sensibilisation et de lutte contre le sexisme, réclamés par l’écrasante majorité des Wallonnes interrogées (99 %). Le rapport complet de cette enquête peut être téléchargé sur le site www.jump.eu.com. Ma volonté est donc de poursuivre et d’intensifier les actions de sensibilisation que nous menons déjà actuellement. Ainsi, j’ai accordé cette année une subvention de 20.000euros à Vie Féminine pour soutenir la campagne « l’engrenage infernal » qu’elles mènent actuellement pour sensibiliser aux violences envers les femmes, y compris le sexisme.
D’autres projets similaires ont bénéficié en 2016 de subventions wallonnes : un projet théâtral et pédagogique de l’ASBL Darouri express et une campagne boomerang contre le sexisme réalisée par Touche pas à ma pote.
Mais il faut évidemment sensibiliser encore davantage. C’est pourquoi je me suis déjà engagé à subventionner deux clips vidéo de sensibilisation que JUMP réalisera sur la question : ils seront diffusés largement sur des plateformes de partages de contenus sur internet de façon à toucher plus particulièrement la jeune génération.
Enfin, je reste évidemment attentif aux initiatives de mes collègues en matière de lutte contre le sexisme en Belgique et ailleurs – y compris à la campagne lancée par la Secrétaire d’État bruxelloise – qui peuvent toujours inspirer notre action et améliorer la lutte contre ces comportements sexistes qui sont autant d’atteintes graves à la dignité humai