Fermeture de Truflo-Rona
La semaine passée, nous apprenions que la société Truflo-Rona, basée à Herstal, annonçait son intention de fermer l’entreprise. 105 emplois sont menacés. Je refuse sur les travailleurs payent pour une gestion catastrophique de la direction. Il semblerait que celle-ci refuse des grosses commandes. C’est inacceptable ! Monsieur Jeholet, Ministre de l’économie doit s’impliquer dans ce dossier.
Question orale de Christie Morreale destinée à Monsieur le Ministre de l’Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
Mme Morreale (PS). – Monsieur le Ministre, nous apprenions, le 2 octobre, qu’à l’issue d’un CCPT extraordinaire, la direction de Truflo-Rona à Herstal, qui fabrique des vannes à boule, des vannes quart de tour dans la pétrochimie, annonçait son intention de fermer l’entreprise. La direction évoque des perspectives d’avenir très sombres et des pertes cumulées, qui sont néanmoins assez récentes, sur les deux dernières années, s’élevant à 20 millions d’euros pour justifier cette décision. Ce qui est inquiétant, c’est le nombre d’emplois qui sont derrière cette société. On parle de 105 emplois qui sont menacés ; ce sont les pertes d’emploi potentielles directes, mais on sait aussi qu’il y a des sous-traitants dans d’autres pays, mais aussi en Wallonie avec un certain nombre de PME qui sont directement impactées.
Confirmez-vous ces chiffres et ces informations ?
Avant de parler de reconversion, on parle peut-être d’une procédure Renault. Monsieur le Ministre, avez-vous eu l’occasion de prendre des contacts avec la direction en votre qualité de ministre de l’Économie pour voir si les problèmes relevés par la direction peuvent être levés ? Y a-t-il un espoir, une possibilité de rebondir pour l’entreprise et ses travailleurs ? La SOGEPA pourrait-elle jouer un rôle dans les problèmes qui sont relevés ?
J’ai rencontré un certain nombre de travailleurs qui, quelques années – je l’ai vu aussi dans des articles de presse – dénonçaient la stratégie assez étonnante au sein de l’entreprise, dans le sens où si l’on regarde le volume d’emploi au cours des deux-trois dernières années et même des cinq dernières années, le volume d’emploi augmentait, tandis que le travail demandé au personnel au sein de l’entreprise n’a cessé de diminuer avec beaucoup de sous-traitance et de travail qui était réalisé par l’Italie. Les travailleurs ne se sont pas inquiétés parce que l’Italie peut être considérée comme un niveau de vie et du personnel qui est payé de manière assez similaire à ce que l’on connaît chez nous. Toutefois, ils ont constaté que des managers se sont succédé très régulièrement. Parfois, des managers se découvraient au niveau du Conseil de l’entreprise quand ils en organisaient un. Cela créait beaucoup d’inquiétudes ; visiblement, ils avaient raison.
On parle aussi de refus de commandes pour 2018. On sait que le secteur est très concurrentiel, qu’il est aussi difficile, qu’ils sont pour certains en période de vache maigre. Ils ont essayé d’attirer l’attention de la direction pour essayer de diversifier leurs activités. À noter que le personnel n’a, à ma connaissance, par ailleurs pas organisé de grève, qu’ils ont été plutôt constructifs en essayant de relayer la situation.
Je viens vers vous pour voir ce que vous pourriez prendre comme initiative si cela n’est pas encore fait.
M. Jeholet, Ministre de l’Économie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation. – Madame la Députée, comme vous, j’ai pris connaissance de l’actualité de l’entreprise Truflo-Rona de Herstal à travers la presse.
Les informations disponibles montrent que l’entreprise a connu deux années très difficiles en 2015 et 2016 et qu’elle emploie une centaine de personnes. On peut retrouver les chiffres annoncés dans la presse sur le site de la Banque Nationale qui renseigne les comptes annuels de l’entreprise dans lesquels les chiffres précis de l’emploi se retrouvent. Au 31 décembre 2016, la part d’employés équivaut à celle d’ouvriers et 43 % de travailleurs ont une formation supérieure, ce qui est déjà beaucoup pour ce type d’entreprise.
Pour être très clair, l’entreprise n’a eu aucun contact avec moi à ce jour, pas plus qu’avec la SOGEPA. Or, la SOGEPA est évidemment le bras armé de la Région wallonne et est à la disposition des responsables d’entreprises pour voir – même si l’entreprise est en difficulté et a réalisé de mauvais chiffres les deux dernières années – ce qu’il est envisageable de faire. Si vous m’expliquez – je n’avais pas cette information-là – qu’au niveau du management, c’est parfois aussi compliqué, c’est tout aussi compliqué pour la SOGEPA d’aller à l’encontre d’une volonté ou d’une non-volonté des responsables de l’entreprise.
La SOGEPA est évidemment à la disposition de Truflo-Rona, mais de toutes entreprises en difficulté. Comme vous l’avez dit, il est trop tôt pour envisager une cellule de reconversion à ce stade. Là, c’est clair que cela entre dans les compétences du ministre de la Formation et que l’on examinera le dossier.
Voilà, à ce stade, ce que je peux dire. Vous pouvez à nouveau faire passer le message que la SOGEPA est le bras armé de la Région wallonne pour ce genre de dossiers et que les services de la SOGEPA sont à disposition. C’est le travail qu’ils font au quotidien. Je pense qu’ils essaient de s’impliquer au maximum dans la vie et dans les difficultés des entreprises, puisque c’est leur mission et leur métier.
M. le Président. – La parole est à Mme Morreale.
Mme Morreale (PS). – Je vais peut-être faire une proposition. J’avais aussi pris contact avec votre prédécesseur pour voir si lui-même avait eu des contacts au préalable, avant que l’entreprise ne déclare son intention de fermer ; il n’y a pas eu de contact au niveau du cabinet qui a été pris.
Maintenant que l’on entend que la direction a l’intention de fermer, il est de notre responsabilité de réfléchir à la manière dont on va réagir. C’est important de pouvoir créer de l’emploi en Wallonie ; c’est important aussi de se battre pour en garder. Je pourrais donc peut-être vous suggérer de proposer d’organiser une réunion au cabinet ou que quelqu’un de votre cabinet propose d’aller sur place pour rencontrer éventuellement la direction et d’avoir un contact avec eux. S’ils ne viennent pas à nous, allons vers eux parce que derrière une multinationale il y a un site liégeois qui est là depuis 50 ans avec du savoir-faire et des travailleurs de qualité à haute valeur ajoutée. Essayons de nous battre pour maintenir cet emploi. Nous devrions donc être proactifs en organisant et en proposant une rencontre avec la direction.
M. Jeholet, Ministre de l’Économie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation.
La difficulté rencontrée régulièrement par la SOGEPA, c’est que des entreprises qui ne les ont pas sollicités ont comme intention de mettre fin à leurs activités. Sans remettre en cause le travail de la SOGEPA – que du contraire –, ils sont souvent impuissants face à de tels dossiers. Je m’engage toutefois à ce qu’un contact soit pris.