16 janvier 2017
In
En action
Vœux du PS 2017
Discours d’Elio Di Rupo
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,
Je vous remercie d’être venus aussi nombreux à cette soirée que j’espère conviviale.
C’est un plaisir de vous retrouver !
Permettez-moi cependant d’être direct et de ne pas tourner autour du pot.
Je commencerai avec un constat qui doit nous préoccuper tous.
Ici et dans d’autres pays européens, la confiance dans les corps intermédiaires de la société – les syndicats, la justice, la police, les médias – régresse à une vitesse vertigineuse.
Les responsables politiques sont particulièrement pointés du doigt.
Un grand nombre de citoyens ont perdu l’espoir de vivre mieux.
L’avenir n’apparaît plus comme une fenêtre ouverte sur des opportunités.
Cette perte de confiance s’est aggravée avec les attentats.
L’insécurité, dans tous les sens du terme, n’a jamais semblé aussi grande.
Ce constat bouscule chacun de nous.
Et nous invite à ne pas fuir notre propre responsabilité. Nous devons remettre en cause certains de nos choix du passé et adapter nos modes d’action.
Cela dit, mes chers amis, nous devons aussi pointer les causes profondes de ce sentiment d’angoisse et d’iniquité chez les citoyens.
Dans les faits, le néolibéralisme tente, depuis près de 40 ans, d’imposer sa logique et sa puissance aux citoyens.
La globalisation de l’économie se poursuit sur un mode presque uniquement libéral, sans égard pour les dimensions sociales et environnementales.
La mondialisation du commerce devait officiellement profiter aux travailleurs du monde entier.
En réalité, elle a poussé outrancièrement les multinationales à se délocaliser et produire à des coûts toujours plus bas.
Il suffit de rappeler Caterpillar ou Ford Genk.
La mondialisation du commerce s’est attaquée à l’Etat providence et à la marche du progrès social.
Ce progrès que les socialistes ont imposé au fil du temps et des luttes sociales.
Face à cette situation, il n’est pas permis de se résigner.
L’opposition des forces progressistes est grande.
Mais elle ne suffit pas.
Dans de nombreux endroits de la planète, des mouvements de citoyens résistent, se lèvent, se réunissent, pour réfléchir à un monde alternatif.
Certains tentent de s’organiser politiquement et c’est à nous de leur tendre la main.
Chers Amis,
La conviction qui m’anime est que le politique doit prendre ses responsabilités.
Il doit se battre pour faire reculer l’injustice et transformer positivement notre société.
Nous devons absolument démontrer que les femmes et les hommes politiques ne se laissent pas dicter leur conduite par le monde de la finance ou par les multinationales.
C’est ce que les citoyens attendent de nous.
C’était aussi le sens de notre combat pour modifier le CETA, le projet de traité commercial avec le Canada.
Ce combat socialiste, nous le menons depuis des années.
Dans cette épreuve de force, nous avons voulu démontrer, tant au niveau de la Wallonie, de Bruxelles-Capitale que de la Fédération Wallonie-Bruxelles que nous en avions assez de la déstabilisation de notre société.
Que nous en avions assez d’être soumis aux diktats du monde économique et financier.
Paul Magnette a porté ce combat avec brio.
La Wallonie, sa société civile, son parlement, son gouvernement ont donné une remarquable leçon de démocratie.
Le PS entend poursuivre son action en s’opposant au TTIP.
Pour l’heure, les négociations sont à l’arrêt, mais nous ne baisserons pas la garde.
Et à l’avenir, chers amis, je peux vous garantir que partout où les socialistes ont un mot à dire, ils feront en sorte que la Belgique soit l’Etat européen le plus vigilant de tous.
Je pense en particulier au mandat qu’elle accordera à la Commission européenne pour négocier les futurs accords commerciaux.
Le PS veillera à la mise en œuvre de politiques commerciales respectueuses des droits fondamentaux.
Le PS usera pour ce faire de tous les moyens relevant des Etats nationaux ou de leurs Régions.
Les droits des travailleurs, des consommateurs, des citoyens passent avant la recherche de profits mirobolants des multinationales.
Soyons donc fiers et ambitieux.
Utilisons tous les leviers pour forcer les responsables européens à faire de l’Union européenne une terre d’avant-garde, un espace qui fait partager ses conditions sociales et environnementales au reste du monde.
Parce que oui : une véritable politique industrielle européenne est possible.
La fin du dumping social est possible.
Une convergence progressive en matière fiscale et environnementale est possible.
C’est à ces projets que le PS travaille intensément en ce moment.
* * *
Mes chers Amis,
A l’iniquité du commerce mondial et des mauvaises mesures européennes, s’ajoute la politique dévastatrice du gouvernement MR N-VA.
Pour rappel : la croissance économique belge est actuellement l’une des plus faibles de la zone euro !
La Belgique est devenu le seul pays européen, avec le Portugal et la Grèce, ou le pouvoir d’achat des travailleurs a diminué.
Merci Charles Michel !
Après les économies démesurées en soins de santé, le gouvernement « N-VA N-VA » a déposé cette semaine un projet de loi qui réduira gravement le financement de la sécurité sociale.
Je n’exagère pas quand je dis que depuis la Deuxième guerre mondiale, nous n’avons jamais connu un gouvernement aussi destructeur des protections sociales.
Aussi dévastateur.
Pourtant, notre sécurité sociale a permis à notre pays de résister aux pires conséquences de la crise financière et banquière.
Le gouvernement de Charles Michel semble l’oublier.
Il fait voler en éclat des garanties sociales qui soutenaient les citoyens dans leurs épreuves quotidiennes.
Toutes ces mauvaises mesures accentuent le désarroi des citoyens.
Une autre politique, plus sociale, plus juste, plus efficace est possible !
Face au démantèlement de notre sécurité sociale et de nos services publics, le PS propose « le bien-être garanti » pour tous les citoyens.
On mesure aujourd’hui la différence abyssale qui existe entre un gouvernement sans les socialistes et un gouvernement avec les socialistes.
Un gouvernement sans les socialistes méprise les travailleurs, écoute les lobbies économiques et désintègre la sécurité sociale. Un gouvernement avec les socialistes cherche avant tout à créer de l’emploi, à protéger les citoyens et à consolider la sécurité sociale.
Dans un monde où l’insécurité sous toutes ses formes inquiète légitimement nos concitoyens, les socialistes se battront pour préserver cette solidarité concrète et humaine qu’est la sécurité sociale.
Nous démontrerons à nos concitoyens qu’il n’y a pas de fatalité, de voie sans issue, de « marche inexorable » comme disent les néolibéraux.
Il y a des choix politiques à faire et des actions à mener !
Mes chers Amis,
Ces derniers jours, j’étais sidéré.
Un Secrétaire d’Etat diffuse impunément sur les réseaux sociaux des graphiques faux, et il se vante d’expulser massivement des migrants.
C’est une ignominie.
Je suis indigné de constater, dans un Etat démocratique comme le nôtre, que le gouvernement fédéral traite par le mépris le pouvoir judiciaire.
Cette Justice qui manque de moyens financiers.
Cette Justice qui, tout au contraire d’être « coupée des réalités », se penche chaque jour sur les maux de notre société, répare un dommage, confie la garde d’un enfant, rétablit la sérénité après un vol ou une agression, réinsère un détenu…
En ne respectant pas le 3ème pouvoir constitutionnel, quel signal la coalition MR N-VA donne-t-elle à nos concitoyens, aux jeunes en manque de repères ? Quelles valeurs défend-elle ?
Un gouvernement qui refuse d’appliquer une décision de justice s’engage dans une voie dangereuse : celle qui consiste à altérer gravement les droits des citoyens.
Pour faire simple, c’est à Charles Michel de dire : Monsieur le Secrétaire d’Etat, conformez-vous aux décisions de Justice de notre pays ! Et basta !
Le respect de l’état de droit ne se négocie pas !
Chers Amis,
Lors de notre combat pour changer le CETA, vous avez comme moi ressenti l’énergie positive que cet engagement a suscité.
Une énergie qui nourrit la lutte pour une société plus juste et équitable.
C’est ce que j’ose appeler l’énergie socialiste.
Cette même énergie socialiste nous encourage pour construire un futur plus serein, plus harmonieux.
Oui, le PS n’est pas uniquement un parti de critique et de contestation.
C’est un parti capable de s’indigner mais surtout c’est un parti constructif, positif, qui veut changer la réalité.
La première priorité du Parti socialiste, c’est l’emploi.
Vous le savez, même s’ils sont en diminution, les chiffres du chômage restent inacceptables.
C’est l’une des raisons, mais pas la seule, pour laquelle nous proposons d’expérimenter, partout où c’est possible, la réduction du temps de travail avec embauche compensatoire.
Des expériences sérieuses sont menées avec succès à l’étranger et c’est le PS qui les introduit chez nous et qui va les amplifier.
Nous avons également voulu montrer que la solidarité fonctionne de manière concrète. Qu’elle profite à chacun.
Notamment par le soutien aux initiatives d’économie collaborative de l’Asbl Coopso.
Plus de 5.800 familles se sont inscrites au programme d’achat groupé d’énergie et économiseront en moyenne 180 euros par an sur leur facture.
Plus de 200 familles ont bénéficié de réductions sur le prix du matériel scolaire grâce au projet pilote d’achat groupé lancé à Charleroi et à Herstal.
En 2017, nous amplifierons ces actions de solidarité concrète dans nos 14 fédérations et nos 555 sections locales actives en Wallonie et à Bruxelles.
Nous voulons en effet des solutions concrètes et justes pour tous les citoyens, qu’ils soient jeunes ou âgés, travailleurs salariés, travailleurs indépendants ou fonctionnaires. Qu’ils soient demandeurs d’emploi, pensionnés, malades, moins valides.
Au Parlement fédéral, sous la houlette de Laurette, nous avons formulé pas moins de 200 propositions positives.
Nous proposons par exemple un prélèvement plus juste sur les grandes fortunes, une imposition plus significative des plus-values boursières.
Nous voulons aussi instaurer plus d’équité salariale dans les entreprises en limitant le salaire des grands patrons à maximum 20 fois le salaire du travailleur le moins bien payé.
Le patron devra augmenter les plus bas salaires s’il veut revaloriser sa propre rémunération.
Nous voulons également offrir un bonus pour les gens qui continuent à travailler au-delà d’un certain âge, plutôt que d’utiliser la sanction.
Nous voulons aussi octroyer des allocations de chômage aux travailleurs indépendants qui doivent arrêter leur activité de façon involontaire – nous y reviendrons dans les conclusions du Chantier des idées.
Chers Amis,
Permettez-moi encore une dernière considération.
En ces temps troublés, les élus, les mandataires publics, se doivent, plus que jamais, de montrer l’exemple en termes d’éthique.
Mes chers Amis,
Nous devons rendre l’espoir aux citoyens.
Nous pouvons le faire car nous représentons la grande alternative progressiste et généreuse.
En affirmant nos valeurs, avec notre expérience, avec toute notre force de proposition, nous sommes l’avenir et l’espoir.
Il n’y a pas de raison que les citoyens continuent à courber l’échine devant les riches et les puissants.
Il n’y a pas d’avenir dans la compétition de tous contre tous.
C’est pourquoi 2017 sera l’année d’un nouvel espoir.
Notre Chantier des idées se termine.
Nous allons mettre en avant de nombreuses propositions concrètes, réalistes, progressistes.
Nous allons ramener la justice sociale et l’espoir dans notre pays.
Avec tous les militants du PS, nous allons démultiplier notre action partout en Wallonie et à Bruxelles.
Vous pouvez compter sur mon engagement et ma détermination.
A toutes et tous, je souhaite une excellente année 2017 !