Interpellation à Monsieur Collin, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports
Mme Ryckmans (Ecolo). – Monsieur le Ministre, le 6 mars dernier, je vous questionnais sur la mise en oeuvre des programmes, désormais fusionnés, de distribution de fruits et légumes et de lait à l’école, financés par l’Union Européenne – cofinancés par l’Union européenne, je pourrais même dire.
Le Gouvernement est en passe d’approuver un nouveau décret. Il comprend de nombreux éléments interpellants. Il prévoit de se concentrer sur les écoles primaires uniquement. Les classes maternelles, qui figuraient précédemment comme public central à joindre dans le programme, ne recevront plus aucun fruit. Comment justifiez-vous cette proposition ?
Mais surtout, d’après les informations que nous avons, les deux programmes ne dureront chacun qu’une à huit semaines. Chacune de ces semaines, les écoles auront la possibilité de recevoir un à trois fruits. Cela signifie de facto une baisse du nombre de fruits distribués : au lieu de 30 livraisons – et donc de 30 fruits – les écoles n’auraient plus qu’un à 24 fruits. Comment justifiez-vous cette orientation du programme ?
Par ailleurs, la Région wallonne fera un appel d’offres européen annuel pour la désignation d’un seul fournisseur par année, par province et par produit, pour la livraison des produits. Les écoles n’auront donc plus le choix du fournisseur. Ceci m’amène à deux questions. N’est-il pas utile de permettre le choix, par les écoles, de leur fournisseur tout en leur facilitant les démarches administratives, qui sont le plus grand obstacle ? Depuis 2014, on met le doigt sur la difficulté à laquelle elles étaient confrontées pour avoir les remboursements des avances qu’elles faisaient pour l’achat de leurs produits et, d’autre part, pour les difficultés administratives – de s’encoder, et cetera, sur le site – pour y avoir accès. La deuxième question est de savoir si l’on fait des appels d’offres annuels. Chaque année, un nouveau fournisseur va être désigné. Comment alors garantir le maintien d’un service de qualité, tel qu’il est assuré pour l’instant dans un certain nombre de régions et assurer une prévisibilité aux producteurs bio et locaux ? Le système d’appel d’offres annuel ne permettra aucune stabilité de la demande auprès du producteur qui ne peut plus planifier sa production. À l’heure du soutien à la production bio, locale et de saison, comment expliquez-vous cette orientation ?
Pouvez-vous assurer que les appels d’offres fassent explicitement référence à des critères bio et de proximité ? Il s’agit, dans un cadre européen, de « tenir compte des considérations relatives à la santé et à l’environnement, mais aussi à la saisonnalité, à la variété et à la disponibilité de produits locaux ou régionaux en donnant la priorité, dans la mesure du possible, aux produits originaires de l’Union européenne ». C’est vraiment l’optique et l’orientation du programme européen. Ce cadre ne devrait-il pas être encore précisé et resserré ? Comment la Wallonie, qui promeut l’achat et le manger wallon, peut-elle garantir la proximité et la qualité de ses fruits et des produits laitiers distribués dans les écoles ? Dans les marchés publics, on sait que le critère des prix est souvent important, voire prédominant, et que la recherche de prix les plus bas influe à la baisse sur la qualité. Comment comptez-vous assurer la meilleure qualité pour les produits destinés aux enfants puisqu’il est vraiment essentiel, à partir du moment où l’on tente de leur faire manger des fruits et des légumes, de le faire avec la meilleure qualité possible et soutenir ainsi les producteurs bio et locaux ?
Le nouveau rythme des livraisons de fruits et légumes interpelle : il n’y aura plus, par exemple, le « jour du fruit » pour les enfants ; et les écoles devront en outre prévoir un endroit de stockage réfrigéré, puisqu’elles vont recevoir une grande quantité pour une distribution par semaine, mais moins fréquemment. Ceci réduira le nombre de celles qui peuvent prétendre à ce programme. Qu’en dites-vous ? J’aurais aimé vous entendre sur vos projets en la matière.
Enfin, nous avons été nombreux à être interpellés sur les conséquences pour des petites entreprises wallonnes, qui ne peuvent concurrencer les gros distributeurs lorsqu’il est fait appel à des appels d’offres.
Certaines entreprises, comme Fresho, impliquées depuis plusieurs années dans ce programme, ont remis les préavis à leurs employés. Comment entendez-vous soutenir les PME wallonnes à travers ce programme ? Voilà une série de questions. J’entends qu’il y a un certain nombre de choses qui ont été mal comprises et donc je suis tout à fait intéressée de vous entendre afin que nous puissions aller dans un sens qui corresponde aux objectifs du programme et aux objectifs affichés de la Région de soutenir les producteurs au plus près de leur production.
M. Desquesnes (cdH). – Monsieur le Ministre, il faut toujours se méfier de ce que l’on entend et de ce qui court comme rumeurs et comme bruits. Le programme « Fruits et légumes à l’école », qui a été lancé en 2009, touche aujourd’hui 127 000 petits Wallons et petites
Wallonnes dans à peu près 1 000 écoles de Wallonie et de Bruxelles. C’est un programme qui s’appuie et qui s’intègre dans la politique agricole commune, puisqu’il est cofinancé avec des règles européennes auxquelles, suite à un changement de réglementation européenne, vous devez adapter la réglementation wallonne.
Si le programme connaît un certain succès, nous avons lu que le Gouvernement wallon, dans le cadre de sa décision d’octobre ou novembre dernier concernant l’acheter wallon, s’était fixé des objectifs pour atteindre plus de 200 000 élèves en primaire et maternelle. J’imagine que la réforme que vous entreprenez est une réforme qui vise à davantage donner d’ampleur au projet et à la situation actuelle.
Mon souhait est que vous puissiez nous faire le point par rapport à cela, tout en notant également qu’il y a un changement de la réglementation fédérale qui va rentrer en vigueur au 30 juin prochain. C’est la nouvelle loi sur les marchés publics. Cette nouvelle loi sur les marchés publics permet notamment l’instauration, dans le cadre des cahiers des charges, d’un nouveau critère de sélection des offres, qui est le critère circuit court. Il nous semblerait intéressant et utile que, dans le cadre de la mise en oeuvre et du soutien technique prodigué aux écoles, au pouvoir organisateur des différentes écoles, cette nouvelle perspective de la loi sur les marchés publics puisse être utilisée afin de favoriser le consommer local, même si l’on ne peut pas comme tel prévoir dans une réglementation que l’achat des denrées doit se faire dans un certain rayon. L’utilisation du critère de ces circuits courts permettra de doper à la fois l’offre locale et les ventes directes. Quand on dit ventes directes, on atteint un objectif qui est double. Premièrement, celui de valoriser des produits de qualité puisque, on le sait aujourd’hui, l’intégralité des producteurs de fruits et de légumes respectent déjà les cahiers des charges en ce qui concerne la lutte intégrée. Certains sont même plus loin aujourd’hui avec la production intégrée ou avec le mode bio. La qualité y est. Deuxièmement, les circuits courts offrent l’avantage que la valeur ajoutée aille dans la poche des agriculteurs. C’est un combat dont on sait ô combien il tient à coeur à la majorité actuelle et au secteur agricole.
Mme Morreale (PS). – C’est vrai que plusieurs questions ont déjà été soulevées par mes collègues précédemment et j’ai eu l’occasion d’interroger le ministre il y a quelques semaines au sein de cette commission. Néanmoins, puisque le sujet revient sur la table, je vais m’y associer pour attirer rapidement – je vous rassure – l’attention du ministre sur certains aspects, ceux qui nous inquiètent plus particulièrement.
C’est la question de la mise en péril de nos petits producteurs wallons, les plus petits, qui – on le sait – souffrent déjà assez avec l’embargo de la Russie, les conditions climatiques qui mettent en péril leur récolte, et qui comptent sur ce programme pour écouler leur marchandise. Il me revient que les dispositions proposées envisagent des procédures systématiques de passation par des marchés publics. Ces cahiers des charges ne prendraient en compte ni le caractère local ni le caractère durable des productions – donc le fait que l’on parle de production de bio ou raisonnée. J’aurais souhaité savoir si ces informations sont correctes ou non. Pourriez-vous nous assurer que ces critères figurent bien au cahier des charges ?
D’autre part, la modification des périodes de livraison, qui passeraient de quatre à huit semaines au lieu de 30 semaines, aurait un impact important parce que cela voudrait dire que cette mesure conduirait à une augmentation automatique du volume des fruits livrés, que c’est à la fois compliqué que les petits producteurs puissent répondre à la demande d’une si grosse quantité de marchandise dans un laps de temps si court.
Et aussi, du point de vue éducatif et sanitaire – c’est le deuxième aspect des difficultés que l’on peut rencontrer – ne peut on pas craindre une diminution des quantités de produits qui seraient distribués aux enfants ? On passe de quatre à douze fruits distribués au lieu de trente. De plus, qu’en est-il de la saisonnalité ? Les listes qui sont établies devraient respecter les critères relatifs à la saison de cette production. Si on le resserre, on peut imaginer que l’on en aurait moins. Cette mesure semblerait également priver les enfants – j’utilise bien entendu le conditionnel – de l’enseignement maternel du produit fruit. Est-ce le cas ? Cette information qui circule est-elle correcte ? Ces enfants continueront-ils bien à recevoir ces fruits ?
M. Prévot (PS). – J’ai souhaité me joindre également à cette question importante. On a eu quelques éléments dans la presse, entre extrapolations et fantasmes. Je voulais profiter de l’occasion pour que le ministre puisse nous éclairer sur toute une série de mesures. On a entendu cet objectif de 200 000 élèves qui pourraient bénéficier de ce programme. C’est un programme ambitieux et ce sera ma première question : pouvez-vous nous dresser les grandes lignes de ce programme ambitieux ?
Il y avait également toute une série de questions et de craintes soulevées sur la diminution du nombre de fruits disponibles par les élèves et pour les élèves surtout. Là aussi, j’aurais voulu que vous puissiez nous éclairer sur ce point.
Enfin, passer d’un système où chaque école peut choisir son fournisseur à un système de centralisation de commande ne me paraissait pas, sur papier, pertinent. Là aussi, comptez-vous maintenir cette idée ou est-ce aussi une extrapolation lue dans la presse ?
Voilà pour les questions complémentaires que je souhaitais vous poser, en vous remerciant d’avance de vos réponses.
M. Collin, – Mesdames et Messieurs les députés, par rapport à ce que vous avez lu dans la presse, ce qui m’a le plus étonné, c’est que je n’aurais pas été joignable le dimanche alors que vous savez que je suis toujours joignable pour vous, pour la presse et pour les citoyens.
Je suis heureux de votre interpellation, Madame Ryckmans, et des interventions des autres députés, puisque cela va me permettre de clarifier certainement les choses et de donner satisfaction par rapport à beaucoup d’opinions qui ont été émises et qui me paraissent largement légitimes.
D’abord, la réalité, c’est le changement d’attitude de l’Europe. L’Europe a développé un programme d’encouragement de la consommation du lait à l’école et un autre programme qui était totalement indépendant : un programme « Fruits et légumes à l’école ». Ces programmes étaient diligentés sur le territoire wallon avec des procédures qui étaient forcément différentes.
Il y avait, par exemple, une obligation auparavant de la Wallonie de cofinancer. Changement, aujourd’hui, l’Europe va payer 100 %, sauf en ce qui concerne la TVA. Mais bien entendu, la Wallonie, en plus du montant qui lui est alloué par l’Europe, va pouvoir, si elle le souhaite – vous allez voir qu’elle le souhaite – amplifier ces programmes.
Il y a – je l’ai dit – deux procédures administratives qui étaient différentes auparavant. Il y avait aussi une différence fondamentale, c’est qu’auparavant, le programme « Fruits et légumes à l’école » était un programme gratuit. On ne demandait donc pas de contribution au niveau ni des écoles ni des enfants. En ce qui concerne le programme du lait, l’Europe imposait un cofinancement qui venait soit des écoles, soit des parents. Maintenant, il n’y a plus de cofinancement exigé dans aucun des programmes de la part des écoles ou de la part des parents. C’est un autre changement important.
Tenant compte du changement des réglementations européennes, une évaluation a été faite essentiellement du point de vue du secteur agricole, que l’on a rencontré, mais aussi du point de vue des écoles, des sollicitations des écoles. Il y avait bien sûr une satisfaction des écoles qui bénéficiaient du ou des programmes, mais il y avait aussi une forte frustration dans la mesure où les programmes comportaient des charges administratives lourdes. C’étaient les écoles qui devaient passer des marchés, qui devaient attendre un traitement de dossier relativement long et puis attendre aussi relativement longtemps après la récupération des frais. Il y avait aussi – c’est arrivé – un risque de dépenses qui étaient considérées après comme non éligibles. Qu’a-t-on cherché ? On s’est dit que l’on allait, tout en voulant amplifier – et nous l’avions déjà indiqué dans le Gouvernement thématique – l’ampleur de l’aide aux écoles et aux enfants. Nous nous sommes dit que nous allions chercher un système qui va faciliter le travail des écoles. On a effectivement imaginé, un moment donné, de pouvoir passer des marchés publics pour éviter aux écoles de le faire, le but étant de dire que l’on va essayer d’avoir des marchés publics suffisamment précis, suffisamment ciblés aussi en matière de produit et en matière de territoire afin de pouvoir rester dans une optique de produits du territoire wallon et en privilégiant la proximité.
Il s’avère que ce type de cahier de charge n’est pas encore suffisamment finalisé. L’administration m’a confirmé qu’il y a un risque de voir finalement une série d’achats de produits échapper à nos artisans, producteurs et commerçants wallons, ce qui me pose un problème fondamental. J’ai donc pris l’option de laisser les écoles gérer leur marché. Malheureusement, je ne réponds pas au souhait que je m’étais fixé de leur faciliter totalement la tâche. Mais, vous allez voir, on va quand même alléger considérablement la problématique administrative des écoles.
Les trois objectifs poursuivis sont, pour moi, totalement complémentaires et ils ont autant d’importance les uns que les autres. Premier objectif : donner plus d’ampleur au programme et donc faire bénéficier plus d’élèves. Je voudrais rappeler qu’au niveau du programme « Lait », qui était un programme très compliqué et dans lequel auparavant on imposait un cofinancement aux écoles ou aux parents, il y a eu, pour l’année 2015-2016, à peine 18 000 élèves bénéficiaires, ce qui est beaucoup trop peu. Nous souhaitons donc qu’il y ait davantage d’élèves concernés. Si je fais une comparaison en termes de portions – excusez-moi, produits ou portions – on était à peu près à 6,5 millions de portions distribuées. Je veux que, dès cette année, 2017-2018, on puisse atteindre les 10 millions de portions. Au niveau du programme « Lait » spécifiquement, je veux multiplier au moins par quatre le nombre d’élèves bénéficiaires du programme « lait ». Deuxième objectif, je souhaite que ces programmes soient vraiment au service de l’économie agricole et artisanale – et vous l’avez bien exprimé.
Troisième objectif, je souhaite faciliter la vie aux écoles afin de réduire le temps consacré aux démarches administratives.
Concrètement, les grands principes sont les suivants :
- gratuité des deux programmes ;
- un budget fixé à 10 euros par élève, par an et par programme ;
- le choix des écoles subsiste de participer à un ou deux programmes. Ils peuvent aller au programme « Fruits et légumes », ils peuvent aller au programme « Lait » ou ils peuvent – ce que j’espère – faire les deux ;
- une inscription électronique, ce qui va déjà faciliter grandement les choses. Elle sera ouverte à partir du 16 août et elle sera clôturée le 20 septembre ;
- la traduction en allemand des documents ;
- la mise en oeuvre dès le 1er octobre 2018 par les écoles ;
- les écoles vont passer les marchés ;
- la durée de la distribution est au minimum de 20 semaines ;
- le public cible, ce sont les trois années de maternelle et les six années de primaire.
Petit bémol, les écoles vont faire les marchés, elles vont donc devoir avancer les fonds. Il n’est pas possible – je l’aurais voulu, mais j’ai la confirmation que cela n’est pas possible – d’avoir le paiement d’une avance.
Ce sont donc les écoles qui vont avancer les fonds. Et les écoles vont introduire leur déclaration de créance de façon trimestrielle, en veillant à ce qu’il y ait, bien entendu, la réponse la plus rapide possible.
Il y a deux éléments sur lesquels je voudrais insister. Le premier élément, c’est que nous avons donc un budget européen qui nous est disponible de 1 716 110 euros. Mais je souhaite abonder ce budget. Il y aura donc une réallocation de manière à pouvoir atteindre les objectifs de volume d’écoles et d’enfants concernés largement valorisés. Le deuxième élément sur lequel je voulais insister, c’est le fait que j’ai chargé l’APAQ-W de travailler à la mise en oeuvre de mesures éducatives d’accompagnement pour les écoles afin de renforcer les impacts de distribution de produits aux élèves. Le travail de l’APAQ-W va être double. C’est bien sûr sensibiliser, c’est accompagner, le cas échéant, une distribution, c’est veiller à ce que l’information soit la plus partagée et la plus contagieuse possible. En même temps, l’APAQ-W pourra aussi, le cas échéant, si c’est souhaité, donner un coup de main aux écoles si une question d’ordre administratif se posait.
J’ai eu l’occasion, en réunissant le COSTAGRI vendredi – vous le savez, c’est la direction générale de l’agriculture, CRA-W, APAQ-W, et cetera – de communiquer mes décisions à cet égard. Il y aura bien entendu des textes réglementaires qui vont être finalisés pour être dans les délais et faire en sorte que ce formulaire puisse être disponible à partir du 16 août, comme je l’ai indiqué. Comme vous pouvez le voir, ma volonté est non seulement de poursuivre les objectifs de transmission d’habitudes alimentaires saines aux plus jeunes, mais aussi d’amplifier, comme nous nous y étions engagés au Gouvernement wallon thématique, cette véritable éducation à la qualité, à la diversité des produits wallons et à la saisonnalité. Ce sont des programmes qui vont bénéficier aux jeunes, mais aussi au secteur économique wallon.
Un dernier mot qui a son importance : j’ai chargé la DGO 3 de continuer à travailler sur des cahiers de charge. Je souhaite que ce travail, qui a débuté, de rédaction de cahiers de charge, où l’on peut intégrer des éléments de durabilité, des éléments de saisonnalité, des éléments de proximité puissent continuer à se faire de manière à ce que le jour où, ce type de cahier de charges nous donnera les garanties que l’on peut se substituer éventuellement aux écoles en ayant le même résultat qui privilégie les producteurs locaux et la proximité des produits alors ces cahiers de charge pourront à ce moment, le cas échéant, être utilisés et ne le seraient-ils même pas, c’est un travail de rédaction de cahier de charges que nous souhaitons mettre à disposition des collectivités, telles qu’elles soient pour qu’elles puissent, lorsqu’elles le souhaitent, valoriser les critères autres, que le prix pour privilégier les produits de chez nous.
Mme Ryckmans (Ecolo). – Ce sont des éléments très importants que vous précisez. Je vois que la direction prise dans ce que vous me présentez est cohérente. Ils laissent l’autonomie aux écoles pour décider de leurs fournisseurs, ils gardent l’accent sur les maternelles et les primaires, je pense que c’était important.
Vous aviez dit, en mars, en réponse à ma question, vous aviez évoqué la fusion des deux programmes, le fait que la Wallonie va amplifier les programmes est évidemment important. Il reste un défi important, c’est la saisonnalité des produits. Je vous avais interpellé et depuis 2014, je vais régulièrement sur le programme fruits et légumes, je retourne sur les questions que je vous avais posées à l’époque, encore en mars, j’avais évoqué la difficulté d’avoir des listes qui ne respectent pas le calendrier de saisonnalité puisque l’on retrouvait des tomates au mois de décembre. Donc, nous ne sommes forcément pas dans des productions locales garantissant la durabilité. Je reste très concernée par le fait et la possibilité de renforcer ces cahiers des charges ou cette description de la saisonnalité des produits, de conserver le contexte local pour pouvoir garantir à des fournisseurs – ceux qui rendent le service de fournir les fruits et les légumes et de distribuer ces fruits et ces légumes – d’avoir un lien avec des producteurs locaux et de garantir ce lien en étant en phase avec les écoles.
Si maintenant les écoles peuvent continuer à gérer leur marché, effectivement on peut leur faciliter la tâche et c’est là qu’il me semble que l’appui de l’administration, de l’APAQ-W et des systèmes informatiques performants devraient pouvoir aider grandement les écoles pour continuer à assurer cela.
En ce qui concerne la préparation du cahier des charges, il y en a déjà un certain nombre. Vous devez connaître certainement tous les cahiers des charges faits pour les cantines scolaires, notamment TCO qui fournit toute une série d’écoles dans les fournitures de repas pour les écoles communales. Ce sont des cahiers des charges publics, qui correspondent à toutes les qualités que vous avez identifiées, de durabilité, de proximité et de producteurs locaux. Quand je parle durabilité, je parle évidemment, c’est le point de vue Ecolo, mais pas seulement. À partir du moment où l’on fait une démarche de qualité envers les enfants, il est particulièrement important et intéressant de leur proposer des produits bio. Encore samedi j’assistais à une conférence mettant en évidence l’importance d’avoir des produits de qualité, d’avoir des produits gouteux, d’avoir des produits, des légumes et des fruits oubliés, que les enfants doivent redécouvrir. C’est vraiment un des intérêts de ce programme, de permettre aux enfants et par là, avec un effet retour, un effet d’essaimage sur leur famille de découvrir des fruits, des légumes, qu’ils avaient dans certains cas perdus à consommation ou simplement qu’ils n’en avaient jamais eu l’opportunité.
Simplement, si les moyens complémentaires vont pe rmettre de remplir et d’augmenter le nombre d’élèves bénéficiaires, c’est un plus. Je me réjouis de cette option prise actuellement de continuer à développer le programme avec une autonomie pour les écoles, un accord entre la maternelle et le primaire et la recherche des circuits les plus courts.
M. Desquesnes (cdH). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse pleinement satisfaisante. Cela permet de clarifier et d’éviter de parler au mode indicatif de projets ou d’idées qui n’ont pas encore été concrétisées. Pour ce qui nous concerne, je note la volonté à la fois de gratuité complète pour l’ensemble du programme est une excellente nouvelle, que le maintien pour toutes les classes d’âges est assuré, que l’autonomie des écoles est maintenue avec une possibilité effectivement, j’entends à ce que M. le Ministre a dit en ce qui concerne les marchés publics, il faut que ce soit une faculté qui soit proposée effectivement aux écoles, un peu comme nous avons aujourd’hui un marché du SPW avec une centrale d’achat, de prévoir ce même système auxquels pourraient adhérer les écoles par lots en fonction de leur intérêt, que ce soit une faculté qui soit laissée à chaque pouvoir organisateur.
J’insiste aussi pour que les nouvelles perspectives couvrent la loi modifiant la loi sur les marchés publics et qui rentrerait en vigueur au 30 juin prochain sur les circuits courts soient effectivement activée.
Enfin, je pense vraiment qu’en ce qui concerne tous les éléments mis en matière de simplification administrative avec l’inscription unique pour permettre de doper les programmes et la jonction, la possibilité de s’inscrire simultanément pour le programme fruits et légumes et pour le programme produits laitiers, cela va donner effectivement un coup de fouet et profiter de la dynamique aujourd’hui du programme fruits à l’école pour doper, relancer le programme produits laitiers dont nos producteurs et nos enfants ont certainement bien besoin.
Enfin, je voudrais souligner le fait qu’en matière de produits laitiers et en matière de production végétale comestible que ce soit les fruits ou les légumes, les producteurs wallons sont aujourd’hui au top en la matière. Nous avons une production en mode intégré, avec un respect du cahier des charges d’agriculture raisonnée qui est garantie, contrôlée sur laquelle nous pouvons dire que nous sommes pionnier et donc en ce qui concerne le secteur du lait, les méthodes de production sont aussi depuis longtemps parmi les plus exemplaires, il faut faire attention de ne plus donner des messages qui soient des messages incorrects à la population.
L’ensemble des productions wallonnes sont aujourd’hui des productions de hautes qualités avec différents cahiers de charge et modes de production, mais elles sont toutes d’excellente qualité pour nos enfants, je ne voudrais pas que l’on discrimine un mode de production par rapport à un autre.
Mme Morreale (PS). – Je m’associe aux remerciements envers le ministre pour pouvoir avoir les précisions et permettre d’éclaircir ou de rassurer par rapport à des informations et des rumeurs qui circulaient, notamment par rapport au secteur du maternel par exemple.
Nous devons essayer d’être cohérents par rapport à toutes les politiques que l’on essaye de mener au niveau du Gouvernement wallon et au niveau du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Par exemple, nous avions évoqué avec la Ministre de l’Éducation, l’idée de réfléchir à ce que les cantines scolaires puissent être un circuit court et en partie bio.
On s’est intéressé, j’ai eu l’occasion de me rendre notamment dans une grande compagnie d’assurance wallonne, parce qu’ils développaient des cantines bio et en circuit court qui étaient tout à fait corrects et pas cher du tout. Nous avons montré que c’était possible. Je sais qu’elle a eu des discussions avec vous et votre collègue en charge de l’environnement pour voir dans quelle mesure il était possible d’avoir des cantines qui respectent ce type de procédé, d’agriculture à la fois de circuit court et à la fois qui travaillant sur le raisonné et le bio.
On sait que votre collègue, le Ministre Di Antonio proposait de s’inscrire dans une Wallonie zéro phyto à moyen terme. C’est vrai que les messages que nous allons faire passer dans ce type de programme sont des messages qui ne vont pas faire uniquement de nourrir nos enfants, mais de nourrir la discussion sur l’agriculture que nous voulons demain. Nous devons travailler sur le respect de notre législation, mais aussi insister sur le fait que ce soit local, bio ou à tout le moins raisonné, ce sont des messages à encourager sur respect des saisons, cela a déjà été évoqué. Enfin, peut-être terminer en disant, évidemment, le fait de pouvoir aider les écoles en leur montrant des cahiers de charge type sera sans doute une chose très positive.
En tous cas, en conclusion, nous devons essayer de travailler à une convergence dans la réflexion et dans la politique que l’on a envie de mener sur l’agriculture que nous souhaitons à moyen et long terme.
M. Prévot (PS). – Effectivement, c’est beaucoup plus efficace d’avoir votre explication dans les grandes lignes que de l’apprendre par bribes dans la presse. Il me semblait également important de laisser justement l’autonomie aux écoles de choisir leur fournisseur. Cela me semblait être vraiment un élément important. Je suis heureux d’entendre que l’autonomie des écoles sera respectée.
Il faut parfois peut-être émettre l’un ou l’autre petit bémol, j’aurais également un petit bémol à émettre sur l’aspect justement du respect des saisons. On aurait peut-être pu aller un step plus loin. Dans l’ensemble, j’ai l’impression, en tout cas en vous entendant, que ce projet va dans le bon sens. Je vous remercie en tout cas d’avoir pris la peine de nous l’expliquer.