Gestion différenciée sur les chemins de fer
Question écrite destinée à Monsieur le Ministre de la Mobilité, chargé de Belgocontrol et de la Société nationale des chemins de fer belges
La gestion différenciée des espaces publics, principe qui vise à ne plus utiliser de produits phytopharmaceutiques, est un défi pour l’ensemble des autorités publiques.
Ma première question écrite à ce sujet étant restée sans réponse, je me permets de vous transfère celle-ci une nouvelle fois. En effet, je souhaite interroger Monsieur le Ministre sur la transition en cours au sein d’Infrabel. Par le passé, la société a plusieurs fois été pointée du doigt pour son utilisation massive d’herbicides, justifiant cette utilisation par la nécessité d’entretenir minutieusement les voies.
L’ensemble de ces questions relèvent de la compétence du Sénat dans la mesure où elle concerne une matière fédérale qui a une influence sur les compétences des entités fédérées en matière d’environnement, de santé et de bien-être, de protection de l’environnement, …
Depuis 2013 et conformément aux directives européennes, notre pays s’est doté de plusieurs plans d’action visant à diminuer l’utilisation des pesticides. Si la SNCB s’est, semblerait-il, également engagée sur cette voie, je souhaite faire le point avec Monsieur le Ministre. Aujourd’hui, pouvez-vous m’indiquer la quantité de produits encore utilisée par Infrabel ? Cette consommation est-elle en baisse ? Les travailleurs qui effectuent ces tâches sont-ils préalablement formés aux dangers et aux précautions d’usage ? L’utilisation des trains de désherbage avec détection automatique de la végétation est-elle généralisée sur le territoire ? Cette technique permet-elle une diminution de consommation ?
Des précautions ont-elles été prises pour les zones à risques, proches d’habitations, de cours d’eau, d’endroits particulièrement fréquentés par le public ? Infrabel utilise-t-elle ces produits dans l’ensemble des gares belges ?
Enfin, des alternatives, écologiques, sont-elles actuellement testées ? Si oui, en quoi consistent-elles ? Quels sont les résultats principaux ?
Réponse
Infrabel rappelle que sa première priorité est la sécurité. Ce principe s’applique bien évidemment également dans le cadre de son recours aux produits herbicides : vis-à-vis du personnel utilisateur, des riverains et des voyageurs ferroviaires.
Il y a lieu de distinguer les herbicides achetés par Infrabel pour l’activité train de désherbage (désherbage des grands axes – voies principales) et ceux sélectionnés par les sous-traitants qu’Infrabel désigne pour assurer le traitement des voies accessoires (faisceaux de voie dans les gares, lignes industrielles) et des installations qui sont liées à la sécurité ferroviaire.
Train de désherbage – Chiffres 2016 – Réseau complet | ||
Concentration (g/L) ou %age en poids | Kg, km traités | |
Glyphosate (Vival) | 360 | 1859 kg – 7131 km |
Glyphosate (Zapper) | 250 | 262 kg – 2000 km |
Diflufenican (Zapper) | 40 | 42 kg – 2000 km |
Tryclopyr (Genoxone) | 103,6 | 332 kg – 3830 km |
2,4 D (Genoxone) | 93 | 298 kg – 3830 km |
Flazasulfuron (Chikara)
granulés |
25 % en poids | 7,5 kg – 1177 km |
Usage d’herbicides dans les voies accessoires (faisceaux de gare, lignes industrielles…) et les installations qui sont liées à la sécurité ferroviaire
Différents produits sélectionnés par les sous-traitants Réseau complet. 1200 hectares par an |
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Concentration (g/L) ou %age en poids | Kg | Données 2015 (chiffres 2016 ne sont pas encore connus) | |
Glyphosate | 480 (Roundup Power) 360 (autres produits) | 4173 kg | Roundup power ou Madrigal ou Panic ou Gallup |
Clopyralide | 40 | 9,4 kg | Bofix |
Fluroxypyr | 20 | 18,8 kg | Bofix |
2,4 D | 93 (Genoxone) ou
345 (Damex forte) |
818 kg | Damex ou Genoxone |
MCPA | 200 (Bofix) ou 345 (Damex forte) | 557 kg | Bofix ou Damex |
Diflufenican (DFF) | 40 (Zapper)
500 (diflanil) |
215 kg | Diflanil ou Zapper |
Triclopyr | 240 (Garlon super) ou 103,6 (Genoxone) | 416 kg | Genoxone ou Garlon Super |
Flazasulfuron | 25 % en poids | 27 kg | Chikara |
En ce qui concerne la réduction de la consommation, Infrabel estime que la surface réellement traitée est un critère beaucoup plus pertinent que la quantité globale (en kg) de produit utilisée d’année en année. En effet, un simple changement de produit est susceptible de réduire la quantité globale utilisée sans pour autant conduire à une diminution des surfaces et/ou une réduction d’impact environnemental.
Depuis sa mise en service en 2008 sur le train de désherbage, le système de détection automatisé de la végétation a permis de ne traiter que la végétation présente et de réduire de façon importante les surfaces réellement traitées.
Il faut savoir que le personnel d’Infrabel n’effectue pas d’épandage.
Ces opérations sont réalisées au départ :
– soit d’un train et son personnel loués à une firme spécialisée pour le traitement des axes ferroviaires principaux ;
– soit de sous-traitants spécialisés pour le traitement des installations liées à la sécurité ferroviaire.
Le régime obligatoire des phytolicences inclut une formation aux dangers et précautions d’usage.
Les cahiers des charges comprennent différentes clauses spécifiques aux précautions d’usage notamment vis-à-vis de présence de la clientèle.
Enfin, un seul train équipé de la détection automatisé est suffisant pour traiter l’entièreté des axes principaux. Il y a 2 campagnes annuelles prévues (avril/mai et août/septembre). Les voies accessoires et les installations liées à la sécurité ferroviaire sont traitées par des entrepreneurs spécialisés.
2. Infrabel dispose d’un inventaire des zones sensibles suivantes :
– périmètres de protection des captages des eaux ;
– sites Natura 2000 ;
– réseau VEN en Flandre ;
– autres zones désignées par l’autorité (zones à lézards des souches en Wallonie, zone forestière de la forêt de Soignes,…).
Dans ces zones, Infrabel adapte les produits conformément aux dérogations accordées et/ou aux demandes formulées par l’autorité. Les produits anti-germinatifs sont désormais prohibés dans les zones sensibles et les traitements sont limités à un seul passage annuel au lieu de deux.
Une cartographie liée à une station GPS est embarquée sur le train ce qui permet d’identifier automatiquement les entrées du convoi dans les zones sensibles.
3. Des alternatives (fauchage principalement) sont en cours d’implémentation sur différents sites locaux (notamment en ce qui concerne les installations qui sont liées à la sécurité ferroviaire). Concernant l’entretien des voies – au stade actuel – il n’est pas possible pour Infrabel d’envisager une généralisation et l’abandon complet des herbicides sur les voies en tenant compte du manque des technologies alternatives disponibles.