Promotion de la lutte intégrée
Question écrite destinée à Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité et du Tourisme
En 2008, le gouvernement français se dotait d’un plan Ecophyto mis en place par le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche afin de réduire de 50 % d’ici 2018 l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, plus communément appelés pesticides ou phytosanitaires.
Afin d’entamer cette transition au combien importante, le gouvernement à créer le réseau FERME qui comprend 18 groupes de fermes animés par 18 ingénieurs réseau. Il représentait ainsi 178 exploitations en 2010, avant d’être étendu à près de 2000 fermes en 2012. Le réseau initial a été bâti avec des agriculteurs prêts à explorer ou explorant différentes voies de réduction d’usage des phytosanitaires. Ceux-ci ont été encouragés et soutenus pour à mettre au point des systèmes de culture économes sur une partie de leur exploitation, décrire ces systèmes de culture et observer leurs résultats pour produire des connaissances sur leur pilotage, leur gestion et leurs performances afin d’identifier de nouveaux systèmes économes et performants et d’éclairer les choix des autres agriculteurs en vue de contribuer à un processus de changement et d’innovation à l’échelle de la France.
Aujourd’hui, ce réseau est parvenu à développer un savoir et des pratiques innovantes, mais surtout transposables. Si l’on peut parfois reprocher aux centres d’études d’être éloignés de la réalité de terrain, cette initiative a pour avantage d’être très réaliste. Monsieur le Ministre, de telles initiatives, basées sur le principe des « fermes pilotes » existe-t-il en Wallonie ? Accepteriez-vous d’étendre ce modèle ?
Réponse
Le réseau de fermes français auquel il est fait référence, « DEPHY Ferme », comptait en novembre 2016 environ 2880 exploitations réparties en 245 groupes d’agriculteurs et encadrées par 240 ingénieurs réseau. Il avait pour principal but de démontrer qu’il est possible, d’un point de vue agronomique et économique, de réduire l’emploi de produits phytopharmaceutiques. Ces fermes ont réussi à diminuer leur indice de fréquence de traitements (IFT) d’une dizaine de pour cent en grande culture, arboriculture, viticulture et production de légumes, et de 38 % en horticulture au cours des années 2012-2013-2014, dans un contexte climatique défavorable. Dans le même temps, les quantités de produits utilisés ont augmenté dans les fermes n’appartenant pas au réseau.
Ce réseau visait non seulement à expérimenter les systèmes économes en produits de protection des plantes (PPP), mais également à communiquer sur les résultats engrangés pour convaincre les autres agriculteurs qu’une transition vers un système utilisant moins de PPP est possible. Des démonstrations en exploitation ont été réalisées, 87 fiches présentant des systèmes de cultures économes en PPP et performant économiquement et socialement ont été publiées, ainsi que 80 fiches présentant des exploitations qui mettent en œuvre des mesures permettant de diminuer l’utilisation de PPP. Ces fiches peuvent être consultées sur le site web. Le dispositif DEPHY Ferme a prouvé qu’il était possible de diminuer l’emploi de PPP.
Toutefois, il n’a pas réussi à entraîner dans son sillage les exploitations n’appartenant pas au réseau. L’objectif ambitieux, fixé en 2008, de diminuer l’emploi de PPP de 50 % d’ici 2018 parait difficilement atteignable aujourd’hui. La création d’un réseau en Wallonie reste néanmoins pertinente.
Cette idée de réseau a d’ailleurs déjà été intégrée au projet de Programme wallon de réduction des pesticides 2018-2022, dans la section traitant de la lutte intégrée: Wal 2.9.6 – aide à la mise en place de l’IPM chez les producteurs par la visite et expertise de conseillers au sein des exploitations ; et en organisant un suivi de quelques exploitations par régions (fermes pilotes). De plus, les démonstrations en ferme seront valorisées comme des formations continues phytolicence.
La création d’un réseau de fermes DEPHY en Wallonie sera réalisée par le biais des Centres de Recherche et d’Expérimentation encadrés par les ingénieurs-experts des services extérieurs de l’administration.
La mise en place d’un réseau de fermes permettra d’atteindre l’objectif d’une autre mesure inscrite dans le projet de Programme wallon de réduction des pesticides 2018-2022, qui vise à développer un réseau de conseillers indépendants pour parvenir à terme à une scission des activités de vente et de conseil (Wal 2.9.7). Je terminerai en précisant que ce système de ferme en réseau est déjà exploité en Wallonie dans le suivi des exploitations en pro