Comment protéger les abeilles noires ?
Question écrite destinée à Monsieur le Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité et du Tourisme
La commune de Chimay réserve, depuis 2004, son territoire à l’abeille noire : elles seules peuvent être élevées par des apiculteurs et ceux-ci ne peuvent pas importer d’espèces étrangères.
Cette espèce mellifère est la seule indigène du pays et d’Europe occidentale. Elle a également de nombreuses qualités, comme celle d’être résistante au climat belge, de vivre en conformité avec les saisons et, en apiculture, son empreinte écologique est plus petite que les espèces d’élevage d’origine étrangère. Malheureusement, le risque est grand de voir disparaître la seule abeille mellifère sauvage du pays, menacée par les autres espèces étrangères. Quel est le point de vue du CARI sur cette question précise ?
Monsieur le Ministre, je vous sais très attentif à la gestion des colonies et de la préservation des abeilles espèces sauvages d’abeilles. Dès lors, pouvez-vous m’informer des risques qui pèsent actuellement sur ces abeilles noires ? Combien de colonies d’abeilles noires compte-t-on encore en Wallonie ? Des mesures spécifiques de préservation doivent-elles être prises ?
Par ailleurs, l’ASBL Mellifica a été créée spécialement pour étudier et promouvoir l’abeille noire européenne. Quels sont vos contacts avec cette ASBL ?
Réponse
Comme le mentionne l’honorable membre, l’abeille noire présente de nombreuses qualités, rappelées régulièrement pas ses nombreux partisans, dont les membres de l’ASBL MELLIFICA. Les informations dont je dispose ne permettent pas de démontrer une différence significative en termes de dépérissement entre l’abeille noire et les races Carnica et Buckfast.
Ces dernières sont élevées dans notre pays depuis de nombreuses générations et elles se sont adaptées à notre environnement. Il est d’ailleurs toujours conseillé aux apiculteurs qui veulent s’implanter de respecter la race la mieux représentée dans la zone où ils se trouvent. Quant aux risques encourus actuellement par l’abeille noire, mes experts m’affirment que l’abeille noire Réponse Imprimé le 9/11/2016 à 12:15:56 1 belge ne fait pas l’objet de menaces particulières en Wallonie. Au contraire, elle y fait l’objet d’un engouement croissant, essentiellement auprès des apiculteurs débutants qui recherchent une abeille rustique et bien adaptée à son environnement. Le nombre de colonies d’abeilles noires présentes en Wallonie n’est pas connu avec précision.
Ce que l’on peut dire, c’est que, lors de l’opération régionale de fournitures de ruches peuplées aux ruchers-écoles menée entre 2011 et 2013, 30 % des demandes de reines ou de colonies émanant des élèves portaient sur la race noire. Ce pourcentage est probablement représentatif de l’ensemble de la population wallonne. Trois zones peuvent être définies en Wallonie en rapport avec une prédominance d’une race : l’abeille noire domine dans le Hainaut, la moitié ouest du Brabant wallon et une frange ouest de la province de Namur.
Des mesures spécifiques de préservation de l’abeille noire ne semblent pas devoir être prises, en dehors des actions menées par l’ASBL MELLIFICA. Cette association œuvrant dans la région de Chimay assure avec brio la conservation, l’élevage et la sélection de l’abeille noire. Elle possède une station de fécondation à Virelles, qui permet depuis 2000 de maintenir un niveau de pureté de la race noire très élevé. La station est en effet située dans une zone de conservation de l’abeille noire, la commune de Chimay interdisant sur son territoire toute détention d’abeilles de race autre que la race noire. Il est par ailleurs important de sensibiliser les apiculteurs, notamment les débutants, à élever préférentiellement des abeilles de la race dominante de la région dans laquelle leurs ruches sont ou seront implantées. Ce point doit être rappelé dans les ruchers- écoles et les associations apicoles, en veillant à ce que la liberté de choix de chacun soit respectée. Des contacts entre mon Cabinet et l’ASBL MELLIFICA ont déjà eu lieu à plusieurs reprises et j’ai déjà eu l’occasion de les rencontrer en personne, le 21 aout 2016, à l’occasion de la journée Slow Food à Virelles