Christie Morreale | Quelle place pour la citoyenneté dans nos écoles ?
Vice-Présidente du Gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Egalité des chances et des Droits des Femmes
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Quelle place pour la citoyenneté dans nos écoles ?

Fédération Wallonie-Bruxelles

Question de Mme Christie Morreale à Mme Joëlle Milquet, vice-présidente et ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance, intitulée «Évaluation du Décret citoyenneté»

Ce terme est très à la mode à l’heure où l’on parle d’un cours d’éducation à la citoyenneté abordant des questions d’éthique et de philosophie. Je souhaiterais parler ici de la citoyenneté responsable et active, discipline introduite dans les établissements scolaires par le biais du décret de 2007.

Ce décret poursuit trois objectifs: promouvoir l’acquisition de compétences par l’élève pour mieux comprendre la société, mettre en œuvre le savoir-faire et le savoir-être à travers des activités interdisciplinaires et encourager l’exercice d’une citoyenneté active dans les structures participatives.Il prévoyait au minimum, dans chaque cycle, une activité interdisciplinaire s’inscrivant dans la perspective d’une éducation pour une citoyenneté responsable et active ou un dialogue avec les élèves, par le biais de délégués.

Huit ans plus tard, sur le terrain, il semble que l’application de ce décret soit assez disparate; elle repose le plus souvent sur le volontariat des élèves, sur le bénévolat des équipes éducatives ou sur un bricolage institutionnel. Les espaces-temps de coordination pour construire les activités inter- disciplinaires ou pour faire vivre les structures de participation des élèves ont lieu durant le temps de midi ou après les cours.

Dans le cadre des débats sur les futurs cours d’éducation à la citoyenneté, certains enseignants regrettent de ne pas avoir reçu d’informations sur le contenu du décret ou qu’il ne soit pas appliqué de manière transversale, dans le cadre de leurs compétences ou de leurs cours. Si un subside accompagnait la mise en œuvre des prescrits du décret en 2010-2011, il n’a pas été renouvelé depuis lors, alors que l’ambition commune transcrite dans le décret était de renforcer les processus démocratiques et les modalités de participation des élèves aux décisions qui les concernent dans leur établissement.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur ce décret? Huit ans après, il semble qu’il n’ait jamais fait l’objet d’une évaluation. Il est donc difficile, voire impossible de savoir combien d’écoles s’inscrivent aujourd’hui dans ce processus.

Prévoyez-vous de réaliser une évaluation de ce décret et de son application? Quels sont les mécanismes qui visent à encourager une plus grande participation des élèves dans leur établissement?

Ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance :

Les articles 7 et 14 du décret prévoient, pour les établissements scolaires, des espaces-temps d’interdisciplinarité dédiés à l’initiation à la citoyenneté. Des outils de qualité ont été créés pour en assurer l’application comme le guide «Être et devenir citoyen».

Le décret sur la citoyenneté va être évalué, mais je suis plus intéressée par la mise en œuvre du cours de citoyenneté. Cependant, je ne remets aucunement en cause l’aspect transversal de ce concept et sa nécessaire application en dehors du cours éponyme, via le règlement d’ordre intérieur, le projet d’établissement et les initiatives de l’école, notamment la démocratie scolaire, le conseil des élèves, la médiation par les pairs et le conseil de participation. J’estime toutefois qu’un nouveau cours est nécessaire comme solution structurelle. Il doit être mis en œuvre avec sérénité, durant cette législature, pour toucher les douze années de l’enseignement primaire et secondaire.

Christie Morreale :

Le fameux décret Arena qui emploie des termes comme «citoyenneté, processus participatif des élèves et des professeurs» représente une plus-value, mais, soit il n’est pas suffisamment connu, soit il est appliqué de manière disparate. On discute aujourd’hui d’un vrai cours d’éducation à la citoyenneté, de philosophie, d’éthique, etc. Il n’empêche qu’il existe aussi un décret – qu’il serait intéressant d’évaluer – qui propose d’autres choses en termes de participation citoyenne. Il faudrait, de manière transversale, engager des processus de participation, à côté d’un décret qui instaurerait un véritable cours avec des référentiels.

Ministre de l’Éducation, de la Culture et de l’Enfance :

Vous avez raison sur le fond. Cela participera au Pacte d’excellence, dans le mode de gouvernance. Comme l’indique le rapport qui va bientôt sortir, nous avons un modèle terriblement hiérarchique, tant dans la transmission du savoir à l’élève qui n’est pas vraiment acteur dans son apprentissage que dans le rapport vertical des autorités à l’élève, dans l’organisation même de l’école. D’autres systèmes scolaires connaissent une démocratie et une participation des élèves beaucoup plus vivantes. Dans les débats sur la gouvernance scolaire, il ne faut pas oublier le rôle des conseils d’élèves, pratiquement inexistants dans certaines écoles. Cela fait partie de la démocratie scolaire, de la citoyenneté active dans l’école. On ne laisse pas suffisamment de place à ces espaces dans notre monde scolaire francophone.